44 374 personnes ont péri en Turquie et 5 951 en Syrie dans les séismes du 6 février 2023. Le nombre précis de blessés et de survivants délogés n’est pas connu, mais il s’établit à plusieurs dizaines de milliers de personnes. En Turquie, la valeur des dégâts matériels dépasse 30 milliards d’euros, l'équivalent de 4% du produit intérieur brut.
L’estimation ne tient pas compte du coût de la reconstruction des logements, édifices publics, routes et réseaux. Elle pourrait être deux fois plus onéreuse selon la Banque mondiale. Pour la Syrie, aucune donnée similaire n’est disponible. Le pays est fermé par le gouvernement sanguinaire de Bachar al-Assad qui a déclenché une guerre sans merci contre son peuple.
Tout ça pour dire que la Martinique n’est absolument pas à l’abri d’une catastrophe de même ampleur. Et qu’il n’est pas du tout certain que nous pourrons relever la tête le jour où un cataclysme de ce genre nous affecte. Ceci dit, l’éruption de la Montagne Pelée en 1902, en provoquant la mort du cinquième de la population (75 000 personnes de nos jours) et la disparition de la ville principale (Fort-de-France aujourd’hui) a généré un immense démembrement du pays.
Le dynamisme économique, l’activité culturelle, la vie politique ont été durablement affectées du fait de la catastrophe qui a eu des répercussions dans toute l’ile. Les milliers de réfugiés accueillis dans des camps de transit un peu partout ainsi qu’en Guadeloupe et en Guyane ne sont pas tous revenus dans leur foyer. Il est vrai que Saint-Pierre a été rayée de la carte et Prêcheur a perdu les quatre cinquièmes de ses 5 000 habitants.
Mais voilà, l’éruption de 1902 est éloignée dans le temps et absente de notre mémoire collective. Or, les séismes violents qui ont accompagné l’éruption du volcan ont été ressentis partout dans l’île. Des dégâts ont été enregistrés dans plusieurs communes. Ce qui pourrait survenir à nouveau lors de la prochaine éruption, dont la date est encore inconnue.
Sans remonter le temps, rappelons-nous le dernier tremblement de terre sérieux, celui du 29 novembre 2007. D’une magnitude de 7,4 durant 50 secondes, il a provoqué une certaine panique et des dégâts matériels. Qu’avons-nous entrepris depuis pour nous prémunir contre la brutalité de cet aléa naturel imprévisible par définition ?
Où et quand la population est-elle invitée à pratiquer des exercices de simulation de séisme ? Les responsables et le personnel des services de l‘Etat, des communes, de la CTM ne sont pas préparés à une telle éventualité. Les chefs d’entreprises et leurs salariés non plus. Qui connaît les gestes qui sauvent ? Qui apprend la conduite à tenir en cas de séisme ? La culture du risque reste encore un terme abstrait, pour nous tous. Jusqu’à quand ?
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