Les réfugiés d’Haïti ne sont pas les bienvenus dans la Caraïbe

A Port-au-Prince, un homme transporte un cerceuil sur un chariot
Le 22 mars 2024, lors d’une intervention en direct avec la chaîne britannique, la BBC, le président de la République-Dominicaine, Luis Abinader a affirmé que malgré les demandes des Nations-Unies, son pays va poursuivre les expulsions des réfugiés haïtiens.

En République-Dominicaine, le gouvernement et certains groupes de l’opposition s’accordent sur le refus d’accepter des réfugiés d’Haïti qui fuient la violence dans leur pays.

Les Haïtiens qui traversent la frontière avec la République-Dominicaine sont automatiquement expulsés. Le gouvernement n’autorisera aucun camp de réfugiés sur le territoire dominicain.

Depuis 3 ans nous avons alerté la communauté internationale qu’Haïti est en train de descendre dans le chaos. On ne peut pas demander à la République Dominicaine de résoudre le problème d’Haïti. Nous ne le ferons pas.

Luis Abinader, Président de la République-Dominicaine sur la chaîne britannique BBC

Le Président Dominicain estime que les solutions pour aider les réfugiés existent déjà en Haïti. Il faut tout simplement ouvrir les camps sur les îles de La Gonâve et de la Tortue qui ne sont pas touchées par la violence.

Il n'a pas évoqué l'inexistence des infrastructures sur ces îles pour accueillir les rescapés de la violence en Haïti.

Federico Antun Batlle, président du parti de l’opposition, réformiste social-chrétien déclare que les États-Unis, le Canada et la France devraient accueillir au moins 5 millions d’Haïtiens. Selon lui, ces trois pays sont les responsables de la crise en Haïti. 

 

La Jamaïque poursuit les expulsions

La République Dominicaine n’est pas le seul État de la Caraïbe à vouloir se laver les mains du problème des Haïtiens qui veulent fuir la violence dans leur pays.

À la Jamaïque, le gouvernement a durci sa position concernant les demandeurs d’asile d’Haïti. 

Une trentaine de dossiers ont déjà été rejetés. Les avocats feront appel. 

Les organisations non gouvernementales ne comprennent pas la position du gouvernement.

On doit entamer les conversations sérieuses sur le sort des demandeurs d’asile d’Haïti qui sont actuellement sur le territoire jamaïcain.

Malene Alleyne, avocate et activiste de la Jamaïque

Malene Alleyne, avocate et activiste de la Jamaïque

Une soixantaine d’orphelins handicapés d’Haïti ont été accueillis sur le territoire avec leurs soignants.

L’organisation bénévole, Mustard Seed, a travaillé pendant plusieurs mois pour obtenir les autorisations à héberger ces enfants dans l’un des centres de l’île, spécialisé dans la prise en charge des enfants handicapés.

Les Nations-Unies demandent le respect des conventions sur les réfugiés

Dans un document d’une centaine de pages, l'UNHCR (Agence des Nations-Unies pour les réfugiés), demande un moratoire sur les rapatriements des Haïtiens vers leur pays d’origine.

La situation en Haïti est trop dangereuse.

À Port-au-Prince, les habitants contournent un cadavre abandonné dans la rue

Selon la Convention de 1951, les Haïtiens qui devraient être considérés comme éligibles à la protection sont des militants politiques, des journalistes, des juges, des avocats et des personnes luttant contre la corruption et la criminalité.

Les personnes affectées par la violence dans les zones contrôlées par les gangs peuvent également prétendre à la protection conférée par le statut de réfugié dans la Déclaration de Carthagène de 1984.

Selon les textes, les pays qui ont signé ces accords peuvent offrir une protection temporaire aux personnes originaires d'Haïti. Elles peuvent aussi bénéficier des dispositions légales telles que le regroupement familial, les visas humanitaires et l'accès à des documents administratifs.

En 2023, l'UNHCR a recensé 312 000 réfugiés et demandeurs d'asile d'Haïti dans le monde.