En Martinique, selon les dernières données actualisées des EPCI de Martinique et de l'Observatoire De l'Eau (ODE), la capacité de stockage d'eau potable utile est d'environ 150 000 m³. Les infrastructures de stockage sont réparties sur toute l'île, avec une concentration plus importante dans le centre de l'île où se trouve la majorité de la population.
Des capacités de stockage variées
L'île compte 286 réservoirs de stockage d'eau potable répartis dans les différentes EPCI de la Martinique.
Le plus grand volume est détenu par la CACEM (Communauté d'Agglomération du Centre de la Martinique) avec plus de 50 réservoirs et un volume de stockage : 66 466m³.
Vient ensuite la CAESM (Communauté d'Agglomération de l'Espace Sud Martinique), 104 réservoirs pour un volume de stockage de 54 000m³. "L'espace sud envisage d'augmenter sa capacité de 25 % dans les années à venir", nous précise André Féréol, le directeur de l'eau de l'Espace sud.
CAP NORD (Communauté d'Agglomération du Pays Nord Martinique) compte le plus de réservoirs, 132 en tout pour une capacité de stockage de 29 000m³.
La topographie et la dispersion des habitats dans cette partie de l'île nécessitent la mise en place de réservoir de moyenne capacité mais en quantité plus importante.
Marc-Michel Deau, directeur de l'eau et l'Assainissement de Cap Nord
Les contraintes du stockage de l'eau potable
Avec une consommation moyenne d'eau potable par jour en Martinique d'environ 55 000 mètres cubes et une capacité de stockage que de 150 000 m3, on estime que le stock d'eau en Martinique permet un peu moins de 3 jours de consommation moyenne de toute la population.
Alors, pourquoi ne peut-on pas augmenter les stocks d'eau potable pour être moins dépendant durant les périodes de sécheresse ?
- Contraintes Sanitaires
On ne peut pas stocker de l'eau plus de 72h, aux risques d'avoir des problèmes sanitaires.
André Féréol
L'eau est stockée à température ambiante de 25 degrés, des conditions climatiques qui favorisent la croissance des micro-organismes, nécessitant des systèmes de désinfection rigoureux et efficaces à court terme. Les infrastructures doivent respecter les normes locales et internationales, ce qui demande des investissements en technologies de traitement et de surveillance.
- Contraintes géographiques et foncières
La Martinique présente des disparités significatives en termes de précipitations, avec un nord plus humide et un sud plus sec. Cette inégalité nécessite un transfert d'eau entre les régions, compliquant la gestion des ressources.
Il faut aussi trouver le bon endroit et très souvent négocier longtemps avec le propriétaire du terrain.
On estime en moyenne qu'il faut 48 mois entre la mise en œuvre de l'acquisition du terrain et l'autorisation de construire le réservoir.
André Féréol, directeur de l'eau de l'Espace Sud
- Contraintes environnementales
La concentration des prélèvements dans certaines rivières, comme la Lézarde, pose des risques environnementaux et de durabilité des ressources en eau, nécessitant une gestion durable pour éviter la surexploitation.
- Contraintes économiques
La modernisation des infrastructures vieillissantes et l'amélioration de l'efficacité des réseaux nécessitent des investissements significatifs, représentant un défi constant pour les autorités locales en termes de gestion des coûts.
Pour Cap Nord par exemple, une enveloppe globale de 7,5 millions d'euros a été octroyée cette année. Elle n'est pas destinée à augmenter les capacités de stockages, mais à principalement améliorer le réseau et installation vieillissante.
Diminuer les pertes au lieu de stocker ?
C'est une priorité. Compte tenu de la raréfaction de l'eau, à cause des changements climatiques, il est aujourd'hui alarmant que soient perdus dans les réseaux de canalisations de Martinique 42% de l'eau prélevée en amont des robinets des particuliers.
On estime que le volume de ce gaspillage de la ressource est équivalent à la consommation journalière de 310 000 Martiniquais.