Pénurie d'eau : les élus se concertent mais les problèmes du quotidien demeurent

Serge Letchimy (PCE), Bruno Nestor Azérot et Félix Ismain de Cap Nord.
Après la Cacem, c'est au tour de Cap Nord de se prononcer positivement en faveur de la mise en place de l'autorité unique de l'eau. Si l'accord est confirmé, cela ne résoudra pas immédiatement la pénurie d'eau qui entraîne des coupures d'eau dans le centre et le sud, même si la CTM souhaite accélérer le financement des travaux en cours.

Le quotidien des abonnés qui subissent le rationnement de l'eau est de plus en plus insupportable. En particulier pour ceux du centre de Martinique, qui endurent depuis plus d'un mois des coupures souvent imprévisibles.

Situation tendue pour les habitants de Saint-Joseph, soutenus par leur maire et l'Assaupamar, auteurs de l'occupation des entrées de l'usine de production d'eau de Saint-Joseph (13 mai) qui alimente le Sud de Martinique, mais pas leur commune, depuis 5 jours.

Le quotidien c'est aussi celui où l'on découvre l'existence de captages pour améliorer l'approvisionnement, mais qui ne sont pas exploités. Des interconnexions existent pourtant entre les sources, mais les élus ne parviennent pas à s'entendre pour ouvrir les robinets...

L'autorité unique de l'eau

Le quotidien n'était pas à l'ordre du jour de la réunion de lundi après-midi (13 mai) à la CTM. Pour les institutions présentes, CAP Nord et l'exécutif de la CTM, c'est la mise en place de l'autorité unique qui semble prioritaire.

Bruno Nestor Azerot, président de Cap Nord, promet en préambule d'éviter une attitude partisane et de s'exprimer sur le ton de "la sagesse" malgré les nombreuses accusations portées à l'encontre de Cap Nord, notamment son manque présumé de solidarité envers la Cacem en pleine pénurie d'eau.

Le président Azérot souligne encore "qu'il ne peut donner ce qu'il n'a pas", mais s'engage à mettre tout en œuvre pour améliorer la situation des Martiniquais. Il est soutenu dans cette démarche par Félix Ismain, le "Monsieur Eau et Assainissement" de Cap Nord, qui indique que "deux connexions avaient été mises à disposition pour Schoelcher à Pécoul mais que la Cacem n'a pas manifesté d'intérêt à les utiliser."

D'autres solutions existent donc à court terme pour répondre aux besoins pendant cette période de tension.

La problématique de l'eau ne doit pas être une problématique qui divise, mais une problématique qui rassemble.

Bruno Nestor Azérot, président de Cap Nord

Bruno Nestor Azérot affirme son engagement à dépassionner le débat et à avancer pour l'ensemble des Martiniquais en approuvant la mise en place de l'autorité unique de l'eau.

Dans le même esprit, Serge Letchimy, le Président du Conseil Exécutif (PCE), souhaite accélérer la création de cette autorité, avec prévision d'un passage de la loi à ce sujet à l'Assemblée nationale en décembre. L'objectif est une application effective en janvier 2025.

En attendant, la collectivité s'engage financièrement. Serge Letchimy souligne que "nous sommes dans l'opérationnel", et critique ceux qui veulent "judiciariser" la gestion de l'eau, estimant que cela ne fait pas progresser les choses.

Notre objectif est de viser l'autorité unique de l'eau, il nous faut investir intelligemment pour augmenter la production.

Serge Letchimy, Président Conseil Exécutif de la CTM

Serge Letchimy veut "aller de l'avant "

De l'argent disponible, des engagements mais pas de retour immédiat à la normale

Aujourd'hui, la collectivité s'engage à augmenter la production d'eau de la source de Vivé, passant de 20 000 m³/jour à 35 000 m³.

En termes de financement, le Président du Conseil Exécutif (PCE) affirme qu'une enveloppe de 7,5 millions d'euros est disponible pour financer à 100% les travaux nécessaires pour Cap Nord.

La mise en place de l'autorité unique de l'eau semble globalement bien avancée. Deux EPCI (établissements publics de coopération intercommunale) sur trois (CACEM et Cap Nord) ont donné leur accord. Reste à obtenir la participation de l'Espace Sud.

Quant au quotidien, le rationnement reste à l'ordre du jour pour les Martiniquais. Pas de solution miracle immédiate, et les institutions s'en remettent (un peu) au bon vouloir du ciel.