Par arrêté préfectoral, l'usine de production d'eau potable de Rivière Blanche est actuellement exploitée par l'Espace Sud, via la SME (Société Martiniquaise des Eaux). Cette dernière revend à la Cacem l'eau potable produite à partir du captage de Saint-Joseph.
Pour le maire Yan Monplaisir, cette situation est une aberration, car elle prive, selon lui, ses administrés d'une eau "bon marché".
Constitution d'une plainte en cours
Pour justifier sa prochaine action en justice, Yan Monplaisir s'appuie sur un jugement de la cour d'appel de Bordeaux du 6 juin 2023, qui "enjoint au préfet de la Martinique de réexaminer les demandes des communes de Saint-Joseph et du Lamentin concernant la répartition des ouvrages de production d'eau potable du Directoire et de Rivière-Blanche entre elles et la CACEM, dans un délai de trois mois à compter de la notification du présent arrêt."
Par un tour de passe-passe, le préfet a pris un autre arrêté pour maintenir l'exploitation de l'usine jusqu'en 2027 , date à laquelle s'achève le contrat de la SME.
Yan Monplaisir
Yan Monplaisir envisage une action en justice, même si les détails ne sont pas encore finalisés.
Pour cette démarche, le maire de Saint-Joseph a choisi comme avocat Maître Joseph Breham qui travaille notamment avec Jean-Luc Touly, président de l'Association pour le contrat mondial de l'eau France et membre d'Anticor (une association de lutte contre la corruption).
Ancien employé de la Compagnie Générale des Eaux (CGE), Touly avait dénoncé en 2019 le coût élevé de l'eau en Martinique et à plusieurs reprises déposé des plaintes contre la Société Martiniquaise des Eaux (SME) pour détournement de fonds publics. Il s'étonne aujourd'hui de la position du préfet par rapport au jugement rendu par la cour d'appel de Bordeaux.
Le préfet de Martinique doit appliquer la décision du tribunal....je ne sens pas non plus une volonté des politiques de la Cacem pour que les choses changent.
Jean Luc Touly
Yan Monplaisir tout seul ?
Dans cette affaire, Yan Monplaisir est le seul à se manifester, agissant en tant que maire de Saint-Joseph et non en tant que membre de la Cacem. Parmi les quatre villes de la Cacem, Fort-de-France, Schoelcher, Le Lamentin et Saint-Joseph, qui subissent les tours d'eau, seul Saint-Joseph, sous l'impulsion de Yan Monplaisir, envisage une action en justice pour faire appliquer le jugement de la cour d'appel de Bordeaux.
Il cherche également à récupérer une partie des actifs de l'ex-SCISM, ancien syndicat chargé de la gestion de l'eau notamment à Saint-Joseph. Selon lui, ces actifs, d'une valeur de 15 millions, doivent en partie revenir aux habitants de Saint-Joseph.
Je veux savoir où sont passés ces 15 millions encaissés par la SME qui a pris la suite de la gestion de l'ex SCISM ?
Yan Monplaisir
L'avocat de Yan Monplaisir a prévu un délai de 15 jours, à compter du 25 avril, pour déposer une plainte basée sur les éléments fournis par le maire de Saint-Joseph.
D'ici là, d'autres maires de la Cacem pourraient-ils se joindre à l'initiative du maire de Saint-Joseph ?
Ces maires ont déjà exprimé leur désir de récupérer les usines de production d'eau situées sur leur territoire afin de ne plus subir les tours d'eau, d'autant que la ressource est présente dans leur région.