Une figure du journalisme haïtien s'en est allée mais son parcours ne sera pas oublié. Liliane Pierre-Paul est décédée en allant travailler, lundi 31 juillet 2023.
Née le 16 juin 1953 à Petit-Goave, 68 km au sud de la capitale Port-au-Prince, Liliane était une journaliste qui ne travaillait qu'en créole haïtien, "le langage du peuple", comme elle aimait l'appeler.
Récompensée à plusieurs reprises pour la qualité son travail, elle a reçu le Prix du courage de la Fondation internationale des femmes dans les médias en 1990 et le Prix Roc Cadet de SOS liberté en 2014.
Une femme de courage
Liliane Pierre-Paul ne reculait pas jamais devant les défis. Son engagement lui a valu d'être incarcérée puis torturée pendant la dictature de Jean-Claude Duvalier, dans les années 1970.
Sous le régime du Président Jean-Bertrand Aristide, deux journalistes ont été assassinés et trente autres ont dû fuir Haiti. À cette époque, Liliane Pierre-Paul s'est exilée six ans au Venezuela et à Curaçao.
En 2016, le président sortant Michel Martelly la cible dans une chanson dénigrante intitulée Bal Bannann Nan (Donnez lui une banane, NDLR).
Les élites me méprisaient, j’étais personne. Mon travail n’était pas considéré parce que je ne parlais pas et je n’écrivais pas en français. Je n’avais même pas le statut de journaliste.
Liliane Pierre-Paul, journaliste
Au rendez-vous des auditeurs
D'autres ont su lui rendre l'hommage, comme le chanteur haïtien Jean Jean Roosevelt dans son titre Reste debout Lili, composé spécialement pour elle.
Liliane Pierre-Paul s'est aussi essayée au cinéma en jouant dans le film Moloch Tropical du réalisateur haïtien Raoul Peck.
Membre fondateur de l'Association nationale des médias d’Haïti (ANMH), elle travaille pour Radio Haïti Inter avant de créer Radio Kiskeya en 1994, avec des amis.
Directrice de programmation, Liliane Pierre-Paul maintient les rendez-vous avec ses auditeurs grâce à son émission "Journal 4e".
Un coup dur pour le journalisme haïtien
Dans les médias, sur les réseaux sociaux, ses consœurs et confrères ont salué sa passion et son infaillibilité face aux challenges qu’affrontent les journalistes haïtiens tous les jours. Les risques de mort ou d'enlèvement dans l’exercice de leur métier sont bien réels.
Le décès cette figure est un coup dur pour le journalisme haïtien. Comme en attestent les tweets suivants, les sphères politiques, diplomatiques et intellectuelles se rejoignaient pour rendre hommage à la journaliste lundi.