Limace, escargot géant, gecko, des espèces invasives dangereuses en Martinique

La limace (en haut) et le geco (en bas) sont des espèces qui menacent la faune et la flore de Martinique.
Les espèces exotiques envahissantes sont la troisième cause mondiale de l’érosion de la biodiversité dans le monde et la Martinique n’est malheureusement pas épargnée. Le sujet était au centre de discussions entre les spécialistes conviés par le PRNM cette semaine (mardi 30 janvier) au Lamentin.

Il s’agit parfois d’espèces invisibles et vous en avez sans doute dans vos jardins. Ils sont de vrais dangers à la fois pour l’environnement et pour la santé des hommes.

Les professionnels alertent sur la présence, en Martinique, de limaces et d’escargots géants qui détruisent tout sur leur passage. Le monde agricole est déjà monté au créneau, des récoltes de fruits et de légumes peuvent être dévastées. Pire, les conséquences sur l’homme sont multiples. Il faut rapidement freiner leur reproduction sur l'île.

Cette limace est relative claire. On l'appelle la limace crêpe, elle se rapproche de la couleur d'une crêpe, beige. Elle peut mesurer jusqu'à 8-10 centimètres, c'est quand même une grosse limace. Nous savons que le secteur Morne-Rouge est le plus touché. Mais nous avons des communes comme Saint-Joseph, Fort-de-France, Sainte-Marie où il y a de petits spots que nous avons repéré. Cela signifie qu'elles commencent à descendre petit à petit.

La limace Leidyula Sloanii a été observée en Martinique

Autant nous pouvons voir les achatines [NDLR escargot géant] puisqu'elles ont généralement une grosse coquille, elles sont faciles à repérer. Mais cette limace, la journée du fait qu'elle n'a pas de coquille, se protège de la chaleur. Elle vit enterrée, camouflée et ne sort la nuit. On ne voit les effets que le lendemain. On se lève, on regarde le jardin et on voit que des plantes ont été mangées. J'en ai vu manger un cactus, elle se nourrit de tous !

Régis Delahnoye, naturaliste spécialisé en malacologie (l’étude des mollusques terriens et marins)

Des espèces exotiques envahissantes ou invasives

Et parmi les autres espèces animales invasives en Martinique, après le fameux iguane rayé qui arrive en deuxième position, le gecko tokay qui a colonisé toute la côte atlantique. Cet animal menace directement le lézard endémique. Ils sont des centaines de milliers recensés dans l’île et très bruyants de jours comme de nuits. Selon la municipalité, la ville de la Trinité est envahie de geckos. Une nuisance pour laquelle il n’existe, pour l’instant, aucune solution.

Il semblerait que cette espèce ait été importée par une personne qui venait travailler à l'usine du Galion et qui a ramené avec lui dans ses bagages ce petit animal qui est devenu bien envahissant depuis. Beaucoup d'administrés s'en plaignent. Cela fait un bruit désagréable. C'est une nuisance sonore pour les personnes âgées qui ont besoin de dormir. De plus, le gecko est une espèce envahissante qui mange les œufs d'anolis et de mabouya. Les espèces de chez nous risquent, à terme, de disparaître si le gecko continue à proliférer.

Patricia Telle, maire de la Trinité

Enfin parmi les 3 000 espèces végétales recensées en Martinique, 1 200 viennent de l’extérieur comme l’Inde, l’Afrique ou encore l’Asie pour la plupart. Au départ, elle ressemble à des plantes ornementales avant de devenir de gros arbres à la croissance incontrôlée comme le tulipier du Gabon. Cette espèce est aujourd'hui implantée partout dans l’île. La DEAL entend renforcer ses campagnes de formation auprès de ses professionnels.

Les invasions arrivent par différents transports aériens ou maritimes. Les acteurs sont, à ce niveau, le port, l'aéroport ainsi que les douanes qui ont un rôle à jouer. Il y a des formations prévues pour essayer de limiter ou faire prendre conscience de ce risque d'invasion et d'introduction sur le territoire. Ainsi, des actions peuvent être mises en place en fonction des reconnaissances d'espèces.

Ariane Jamin, chargée de mission pôle biodiversité et espèces envahissantes DEAL

En première ligne, les professionnels du monde agricole doivent faire des retours sur les plants décimés par les limaces.