Les luttes incessantes des esclaves contre leur condition

Scène de châtiment d'un esclave avant 1848 à la Martinique
En ces temps de célébration de la révolution anti-esclavagiste, il est utile de se rappeler que l’insurrection finale des 22 et 23 mai en Martinique est l’aboutissement d’une longue tradition de luttes contre la barbarie et le racisme.
Les esclaves se sont toujours révoltés, contrairement à une légende selon laquelle ils étaient passifs, résignés, amorphes. Dans les dernières décennies de la période esclavagiste, les rébellions sur les plantations sont incessantes et implacablement réprimées. Dans quasiment toutes les colonies, anglaises, espagnoles, portugaises, hollandaises, françaises, les esclaves se rebellent en permanence.

Le marronnage, ou l’évasion, est parfois individuel mais souvent collectif. Les évadés s’organisent dans les montagnes ou dans les forêts, loin des plantations qu’ils fuient. Toutes les générations de captifs se sont adonnées à la résistance contre le système.

Les esclaves n’ont jamais attendu un hypothétique dieu qui ne les voyait même pas


En Martinique, des révoltes gigantesques se terminent par des procès d’une féroce injustice. En octobre 1822, la révolte du Carbet se termine tragiquement par le suicide de son chef, Pierre. Sur les 62 insurgés capturés, 30 sont exécutés. Durant leur procès, le gouverneur évoque de soi-disant relations avec les dirigeants de la toute nouvelle République d’Haïti.

Autre insurrection majeure, celle de février 1831 à Saint-Pierre. Lors du procès, le procureur évoque un "vaste complot pouvant causer la ruine de la colonie". 22 prévenus sont exécutés. Puis vient l’Insurrection de la Grande Anse, au Lorrain, à la Noël 1833. Le procès concerne 117 prévenus. Ils sont poursuivis pour avoir envisagé le soulèvement de la région avec des ramifications à Saint-Vincent et en Dominique. Un soi-disant complot est éventé, visant à fomenter une guerre civile des esclaves contre les Blancs, selon les mots du procureur.

Hormis les révoltes, la résistance a d’autres formes : les empoisonnements, les incendies de plantations, les refus de travailler ou de respecter les horaires. En un mot, les esclaves n’ont jamais attendu leur salut ni de la mère-patrie qui les méprisait, ni d’un hypothétique dieu qui ne les voyait même pas.