Manoelzinho à nouveau condamné à la réclusion criminelle à perpétuité

Manoel Moura Ferreira, alias «Manoelzihno» lors de son arrestation à Macapa
Jugé en son absence, Manoel Moura Ferreira alias "Manoelzinho" a été condamné à la perpétuité mercredi (19 octobre) par la cour d’assises de Fort-de-France, pour les meurtres de deux militaires à Maripasoula (Guyane) en 2012. Trois complices ont écopé de peines allant de 18 à 30 ans de prison
Le temps d’une transmission par les voies judiciaire puis diplomatique entre la France et le Brésil, " Manoelzinho " devrait bientôt recevoir la notification d’une deuxième condamnation par la justice française à la réclusion criminelle à perpétuité (1), verdict rendu public mercredi soir par la cour d’assises de la Martinique au terme de quatre jours de procès.
Du côté brésilien, la décision sera adressée à son seul domicile connu : la prison fédérale de Campo Grande, dans le Mato Grosso, état du sud du Brésil, où "le petit Manoel" est incarcéré depuis fin 2014. A Fort-de-France, l’ancien chef de bande a été reconnu coupable de tous les chefs de poursuite retenus contre lui : tentatives de meurtres de cinq gendarmes sur l’Inini le 19 mai 2012, les meurtres de deux militaires du 9ème Rima et tentatives de meurtres de deux gendarmes le 27 juin de la même année à Dorlin, les tentatives de meurtres de deux pêcheurs sur l’Approuague le 11 juillet et la tentative de vol à main armé d’un véhicule sur la RN2 le 21 juillet 2012, la détention d’armes de première ou quatrième catégorie, tous ces motifs étant aggravés par leur commission en "bande organisée".
 

30 ans pour le "bras droit" de Manoelzinho

Egalement incarcéré à Campo Grande, Ronaldo Silva Lima alias "Brabo da Morgana", le bras droit de Manoelzinho, a écopé d’une peine de 30 ans de prison. Il est reconnu coupable des mêmes chefs, sauf les meurtres et tentatives de meurtres des militaires et gendarmes dans l’embuscade à Dorlin, pour lesquels il n’était pas poursuivi. Tant que les deux détenus restent sur le sol brésilien, ces condamnations "par défaut" (en leur absence) sont symboliques : elles ne peuvent s’appliquer qu’en cas d’arrestation en France, si les intéressés ne s’y opposent pas. S’ils s’y opposent, ils auraient alors droit à un nouveau procès devant la justice française. Une hypothèse purement théorique : le Brésil n’extradant pas ses ressortissants vers l’étranger pour y être jugés, il appartient à la justice fédérale brésilienne de juger les deux hommes dans cette affaire. Ils ont déjà été condamnés en juillet 2015 par un juge fédéral de Macapa à 9 ans de prison pour transport et importation illégale d’armes, deux revolvers "Glock" de 9mm dont ils étaient porteurs lors de leur arrestation au Brésil le 27 juillet 2012, après leur cavale dans la forêt guyanaise.
 

Deux autres membres de la bande condamnés

Membres de la bande de Manoelzinho en 2012, les deux accusés présents à l’audience ont été condamnés eux aussi à de lourdes peines, même si leur implication est moindre que les deux accusés absents. Itamar Bezerra Alves écope de 20 ans de prison pour tentatives de meurtres sur cinq gendarmes le 19 mai 2012 sur l’Inini, tentatives de meurtres sur deux pêcheurs sur l’Approuague le 11 juillet 2012 et détention d’arme, à chaque fois « en bande organisée ». « Itamar » est donc aussi reconnu coupable de participation à une bande organisée. Ronaldo Miranda Carvalho est condamné à 18 ans de prison pour les tentatives de meurtres sur deux pêcheurs à Régina, détention d’arme en bande organisée, et participation à cette bande organisée. Les deux intéressés ont dix jours pour faire appel. Une audience au civil est prévue en janvier 2017, à Fort-de-France, pour examiner les demandes indemnitaires des parties civiles.
 

Des peines à mi-chemin des réquisitions de l’avocat général

Les peines prononcées par la cour d’assises de la Martinique dans cette affaire sont moins lourdes pour deux des quatre accusés que les peines requises. L’avocat général avait demandé à la cour la réclusion criminelle à perpétuité pour Manoel Moura Ferreira et Ronaldo Silva Lima, 25 ans pour Itamar Bezerra Alves, et 15 ans pour Ronaldo Miranda Carvalho.
 
(1) «Manoelzinho » a été condamné une première fois « par défaut » à la réclusion criminelle à perpétuité le 29 janvier 2016 par la cour d’assises de Cayenne pour l’embuscade tendue à la bande de Felipe le 21 janvier 2012 à Dorlin (cinq meurtres) et la mort de « Careca Rico », un responsable de mines d’or illégales sur la zone, en juin de la même année. Dans ce dossier, Itamar Bezerra Alves avait écopé de 25 ans de prison pour le meurtre de Careca Rico. Il a fait appel. « Manoelzinho » a également été condamné deux fois aux assises en Guyane cette année, à nouveau en son absence : 20 ans de prison en janvier pour le meurtre d’une prostituée en 2011 à Saint Elie et à nouveau 20 ans en mars pour deux autres meurtres de ressortissants brésiliens commis à Dorlin en 2012.