"En Marche" peine à trouver son créneau sur l’échiquier politique martiniquais

En Marche Martinique, en campagne au Carbet en juin 2018.
Une semaine après la démission de la principale représentante de la fédération de Martinique de La République en marche, c’est le calme plat au sein de la formation présidentielle. Elle éprouve le plus grand mal à s’insérer sur notre échiquier politique.
« Marche arrière, toute ! » Tel pourrait être le nouveau slogan du parti présidentiel en Martinique. La démission de sa dirigeante exécutive n’est qu’un signe parmi d’autres de la difficulté pour cette formation de s’implanter dans notre paysage politique. Charlotte Gressier expliquait dans notre journal télévisé du lundi 18 février 2019, qu’elle redoute "la résurgence d’usages et de visages anciens".
Une confession illustrant le dur apprentissage des moeurs politiciennes. Au-delà, cette démission témoigne de ce que les méthodes et la vision de LREM ne correspondent à aucune tradition de notre culture politique. Ses adhérents n’ont souvent aucune expérience de la vie publique.
 

De trop rares élus pour qu’ils soient influents


Les rares élus l’ayant rejoint durant la campagne présidentielle ou par la suite sont trop rares pour être influents. Avec 3 maires sur 34, sans aucun conseiller territorial ni élu parlementaire, il est compliqué pour une formation politique d’exister. Quelques militants et élus en mal d’identité idéologique ont cru sincèrement qu’Emmanuel Macron allait bouleverser la donne.
Certes, il a atomisé la gauche et dispersé la droite sur le plan national. Certes, il a voulu instaurer un nouveau style de gouvernance, ou plutôt, de management du pays. Un an et demi plus tard, la souffrance du peuple s’étale à longueur de défilés de rue depuis trois mois. Aucune solution politique ne pointe à l’horizon. Pire, ses opposants sont incapables de rebondir.

En Marche a cru pouvoir s’affranchir des appareils constitués. Or, le débat politique martiniquais s’articule depuis plusieurs décennies autour de la nature du lien établi entre notre territoire et l’Etat. Jusqu’à une époque récente, il fallait se définir soit comme assimilationniste, soit comme autonomiste, soit comme indépendantiste.
 

Aucune nouvelle perspective


Ces catégories sont obsolètes. Aujourd’hui, on se prononce davantage pour un renforcement des pouvoirs des élus locaux, ou comme écologiste, ou alors comme partisan de la conquête de parcelles de souveraineté. En Marche ne se situe dans aucune de ces logiques.
Et ce mouvement ne propose aucune perspective originale pour l’émancipation des peuples de l’outre-mer. Dans sa volonté de réformer le pays, son fondateur devenu chef de l’Etat remet en cause des acquis, brouille son message sur des questions sensibles ? C’est le cas pour l’invasion du littoral par les algues sargasses et surtout pour le scandale du chlordécone.
Et ce, sans proposer de nouveaux horizons. C’est à se demander si l’expérience d’En Marche, sur le plan local, n’est pas déjà en voie de se terminer.