Les Martiniquais se recueillent sur l'île de Gorée

80 Antillo-Guyanais sont au Sénégal à l'invitation du MIR Martinique (Mouvement International pour les Réparations).
80 Antillo-Guyanais sont au Sénégal à l'invitation du MIR Martinique, le Mouvement international pour les réparations. Après un colloque sur la traite négrière et ses conséquences organisé jeudi (26 avril), ils ont passé la journée de vendredi (27 avril) sur l'île de Gorée.
Gorée, celle que l'on surnomme "l'île-mémoire" abrite la Maison des esclaves, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1978. Ce lieu mémoriel symbolique, d'où ne furent déportés que peu d'Africains entre le XVe et le XIXe siècles, par rapport à d'autres ports comme Ouidah au Bénin, Bimbia au Cameroun, le Ghana, Saint-Louis au Sénégal, est devenu un haut lieu de pèlerinage de la traite transatlantique.



La délégation composée de membres du MIR Martinique (Mouvement international pour les réparations) et d'invités a pu s'y recueillir pendant 1h30. Un moment chargé d'émotion, entre chants et larmes, où chacun a individuellement fait face à l'océan au pas de la porte du non-retour.
L'île de Gorée au large des côtes du Sénégal, en face de Dakar, a été du XVe au XIXe siècle le plus grand centre de commerce d'esclaves de la côte africaine.
Les sombres quartiers des esclaves...
"L'île de Gorée reste encore aujourd'hui un symbole de l'exploitation humaine et un sanctuaire pour la réconciliation" (Unesco)
La délégation martiniquaise est au coeur de l'histoire à Gorée
Martiniquais et Sénégalais se retrouvent avec ferveur.
Le jumelage entre Sainte-Anne et Gorée, existe depuis 2001
Cette petite île de 28 hectares située à 3,5 km au large de Dakar cristallise les douloureuses mémoires de la traite atlantique.
Sous le baobab, Garcin Malsa et Hulo Guillabert, la coordinatrice du konvwa Gorée
Une statue qui commémore l'abolition de l'esclavage, des frères guadeloupéens Jean et Christian Moïsa, offerte au maire de Gorée en 2002 par Lucette Michaux-Chevry, alors présidente du conseil régional de Guadeloupe.
Patricia est venue de Martinique. Après l’Éthiopie et le Nigeria, elle a tenu à poursuivre sa rencontre avec l’Afrique. "Lorsqu'il y a crime, il y a forcément un criminel. Et lorsqu'il y a un criminel, il doit y avoir condamnation. Et toute condamnation donne forcément lieu à une forme de réparation. La réparation ne saurait valoir que pour les criminels. Ils ont été indemnisés, et ce sont encore eux qui continuent à profiter. Nous faisons donc l'injonction de réparer".


L'après-midi, prises de parole et performances artistiques se sont succédé, mêlant tambours bèlè et rythmes africains. Jusqu'au konvwa lui-même, aux flambeaux, dans les rues de Gorée.



Selon Garcin Malsa, le président du MIR
, un lien très fort existe entre Sainte-Anne, la ville dont il était le maire jusqu'en 2004 et Gorée. D'ailleurs, depuis 2001, un jumelage a été mis en place entre les deux villes. 
"Il faut aussi se rappeler qu'en 1998, lorsque les jeunes partis de Sainte-Anne et arrivés à Nantes pour prendre le bateau et faire le voyage triangulaire, ils ont tous été accueillis par le maire de Gorée de l'époque. Il y a un lien étroit, une fibre forte qui nous lie déjà". Le MIR Martinique annonce déjà une deuxième édition de ce convoi africain pour les réparations liées à l'esclavage au Bénin. Mais avant il sera organisé pour la 18e fois en Martinique le mois prochain.