Plusieurs associations invitent les habitants de Martinique à manifester ce samedi 27 février 2021 contre la prescription dans l’affaire de l’empoisonnement à la chlordéconne.
"Pa pou ni preskripsyon ! Jijé yo ! Kondané yo! " (Il ne doit pas y avoir prescription ! Jugez les ! Condamnez les !), c'est le slogan que scandent les premières organisations dont Lyannaj Pou Dépolyé Matinik en réponse aux magistrats en charge du dossier empoisonnement au chlordécone.
Rappelons qu'à la fin d'une audience par visioconférence (mercredi 20 janvier 2021), les juges d'instruction de Paris, ont laissé entendre qu'il y a de fortes probabilités que la procédure de plusieurs associations se solde par un non-lieu, à cause de la disparition de pièces du dossier et le délai de prescription des faits. Et donc, pas de procès sur l'empoisonnement au chlordécone...après une procédure lancée depuis 15 ans...
Pourtant, les gouvernements de l’époque étaient parfaitement informés de la haute toxicité des produits utilisée par les planteurs de banane. Certains connaissaient la dangerosité de ce pesticide destiné à éradiquer un parasite mortel des bananiers. Mortel, le chlordécone l’est aussi pour des milliers d’habitants de Guadeloupe et de Martinique. Ils ignoraient que les légumes, les fruits, les poissons, la viande et les eaux étaient contaminés.
Une prise de conscience croissante
Les milieux les plus divers se préparent à dire non "l'inacceptable prescription", insistent les organisateurs.
Nous appelons tous les parents à être présents à la manifestation de samedi 27 février, 8h30 à Fort de France pour réclamer UPEM
État d'esprit similaire dans le camp d'une des principales organisations syndicales de l'enseignement.
Les Syndicats des Enseignants SE-UNSA de Guadeloupe et de Martinique interpellent le Président de la République dans un courrier commun pour demander "réparation" quant à la pollution au chlordécone aux Antilles.
Parce que les femmes sont victimes aussi du chlordécone, l'UFM, partenaire de Lyannaj pou depolyié Matinik depuis sa création, appelle a participer massivement au grand rassemblement du 27 février !
RDV samedi 27 février à 8h30 à la maison des syndicats!
Publiée par Lyannaj Pou Dépolyé Matinik sur Mardi 23 février 2021
Les intentions de mobilisation ne proviennent pas seulement de militants écologistes, syndicaux ou politiques, mais aussi d'associations diverses et même l'église catholique.
Avant la manifestation prévue samedi 27 février sur le dossier de la chlordécone, Mgr Macaire appelle les chrétiens à prier pour que le climat reste serein, que les souffrances soient entendues et que la justice puisse jouer tout son rôle.
Le CÉSECÉM (Conseil Économique, Social, Environnemental, de la Culture et de l'Éducation de Martinique, organe de la CTM qui représente la société civile) est interpellé par l'annonce d'un "probable non-lieu".
Le CÉSECÉM partage l'émotion largement exprimée par de nombreuses et nombreux elu.e.s, ainsi que par de nombreux mouvements de la société civile devant les motifs et les circonstances d’un éventuel non-lieu.
Le conseiller exécutif Francis Carole, président du PALIMA (Parti pour la Libération de la Martinique) considère que la préparation du grand mouvement populaire du 27 février 2021, a déjà permis de transcender les divergences secondaires pour obtenir justice et réparation.
La menace de prescription du crime d’empoisonnement de tout un pays, véritable crachat lancé à notre face, a suscité indignation, révolte et surtout la volonté résolue de réagir à la hauteur de l’insulte et des enjeux.
Au-delà du combat judiciaire, nous nous mobilisons aussi pour obtenir de l’État qu’il prenne ses responsabilités pour réparer les torts faits aux Martiniquaises et Martiniquais, et plus largement aux Antillais.
Reste à savoir quelle sera l'ampleur de cette manifestation qui sera observée avec attention par le gouvernement dont le plan chlordécone 4 a été précisé cette semaine. Un plan qui "n'est pas de nature à réparer la catastrophe écologique", tancent les organisateurs.
Rendez-vous samedi 27 février 2021 dès 8h30 à la maison des syndicats à Fort-de-France.