Les moustiques sévissent partout dans le monde et suscitent la mobilisation

Moustique sur la main.
La Martinique a accueilli le premier colloque international sur la démoustication. Pendant trois jours, des spécialistes ont échangé leurs expériences sur la lutte contre les moustiques, une priorité pour tous les pays.
Des chercheurs, des techniciens et des opérateurs étaient rassemblés pour évoquer un fléau pour l’homme, à l’échelle mondiale : les moustiques.
 

Une épidémie sans précédent à la Réunion


Certains territoires sont frappés de plein fouet. C’est le cas de la Réunion qui traverse une épidémie de dengue sans précédent. Pour endiguer la prolifération des gîtes larvaires, l’État a débloqué 600 contrats aidés.

On n’a jamais été confronté à ce phénomène, comme vous aux Antilles, à part le chikungunya. Mais ça fait déjà 10 ans. Le zika n’est pas passé par chez nous. Et la dengue, c’est le premier retour au combat. On est en contact avec les Antillais, parce qu’ils ont plus d’expérience que nous. On pioche à droite, à gauche. On voit ce qui se fait en Asie.

C’est juste une première bataille. Il y a eu quand même, 7 000 malades et 6 morts. Jusqu’à la crise du chikungunya, il y avait très peu de connaissances sur les moustiques, parmi la population. Pendant plus de 25 ans, il n’y a jamais eu de problème lié aux moustiques.

La dernière épidémie de dengue remonte à 1977. Et les premiers cas de dengue sont revenus en 2004. Le chikungunya a été un gros électrochoc, avec un impact énorme sur la société, voire des traumatismes, indique Jean Sébastien Dehecq, entomologiste à l’agence de santé Océan indien, à La réunion.
 

La lutte contre les moustiques doit être multiple

 

Il existe plusieurs moyens de lutte contre les moustiques. Mais les insecticides sont les plus utilisés, par épandage ou pulvérisation. Ils ont servi d’abord dans les années 50, contre le paludisme en Afrique.
Mais aujourd’hui, ils doivent faire face à des moustiques de plus en plus résistants. La suppression des gîtes larvaires aussi, montre ses limites. A Singapour, la mobilisation sociale n’a pas suffi.

A Singapour, on a vraiment mis le paquet sur la mobilisation sociale et l’élimination des gîtes larvaires. Finalement, on a le même résultat qu’avec les insecticides.
On génère des résistances qui cette fois-ci ne sont pas physiologiques, mais comportementales.

Le moustique va trouver d’autres gîtes larvaires, où il va pouvoir se développer. C’est plutôt un éventail de méthodes de lutte qui vont être mises en place par différentes personnes : l’Etat, les municipalités et les citoyens. Chacun à son niveau, peut faire quelque chose et doit faire quelque chose, précise Frédéric Simard, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement.

 

La technique de l'insecte stérile, une solution ?

 

Des chercheurs de l’IRD ont mis au point la technique de l’insecte stérile. Elle consiste à empêcher la reproduction des moustiques. Pour le moment, il s’agit d’une expérimentation en laboratoire.

Ça consiste à produire en masse des moustiques au laboratoire et à stériliser des moustiques mâles, parce qu’ils ne piquent pas, contrairement aux femelles. Une fois qu’ils sont stérilisés, généralement par exposition au rayon X, on les relâche dans la nature. Ils vont aller s’accoupler avec des femelles qui vont pondre des oeufs non viables.

Donc, en fait il n’y aura pas de descendance. On va ainsi provoquer un effondrement de la population de moustiques et prévenir les risques épidémiques, explique Louis Clément Gouagna.