Dans son viseur, 3 CCAS (Centres Communaux d’Actions Sociales) du sud de la Martinique, lesquels ont fait preuve d’"inertie et de laxisme" durant la période de confinement dénonce-t-elle.
C’est après la sortie de patients considérés comme "stabilisés" à la suite d’un séjour à l’unité psychiatrie du Centre Hospitalier Maurice Despinoy (Colson), que l’assistante sociale (nous l’appellerons Sylvie), a été confrontée affirme-t-elle, à des difficultés en s’adressant à ces CCAS, pour s’assurer de la bonne prise en charge de ses ex-malades, en particulier pour le portage de repas.
Mais Sylvie s'est heurtée à "une fin de non-recevoir.
Pour cause de confinement, il n'y a pas de portage de repas jusqu'à nouvel ordre, pas de réception du public.
Alors l’assistante sociale a décidé de rendre public ce qu’elle qualifie de "véritable scandale".
Je dénonce cette mode lancée "pour cause de confinement ", je dénonce qu'on puisse se cacher derrière cet état de fait, pour ne pas se mettre au travail et laisser des personnes vulnérables, âgées, handicapées, isolées crever de faim !!
Je dénonce l'inertie, le laxisme de certains qui doivent assumer des responsabilités, qui doivent assurer leurs missions, la vocation de leur service, SURTOUT dans le contexte actuel.
Je rappelle que l'hôpital n'est ni un centre d'hébergement, ni un foyer de vie, mais bien un service de soins.
"Des manquements"... Sylvie enfonce le clou !
Je saurai accompagner les personnes dont j'ai eu la charge, afin qu'elles dénoncent là où il faut, les manquements de certains, et les conséquences qui en découlent.
Jointe par nos soins, l’assistante sociale explique que son coup de gueule est en fait, le "cri du cœur" d’une professionnelle. Avec 25 ans de pratique à son actif, Sylvie est convaincue que la grande majorité des CCAS ont su anticiper et assumer leur mission d’accompagnement correctement.
Mais il a fallu que cette crise intervienne ajoute-t-elle, pour se rendre compte qu’il y a eu aussi "des failles" dans certaines municipalités, durant le confinement.
Aujourd’hui, je m’interroge sur qui doit faire quoi, sur les compétences de certains services...
Mais au-delà de ce coup de gueule, j’ai surtout envie pour mon pays qu’on progresse, qu’on arrête le déni, le mépris, les imbécillités, les "cancans", surtout lorsqu’il s’agit de vies humaines, d’accidents de la vie, car n’importe qui peut se retrouver du jour au lendemain, de l’autre côté de la barrière.
Sylvie reprend son souffle... avec des trémolos dans la voix cette fois
Des moments comme celui qu’on vient de vivre, ne doivent pas servir de prétexte pour se mettre en retrait, car il y a des vies en jeu (...) et une mission de service public à assurer. Demain, c’est peut-être un de nos proches qui sera concerné (...) et je sais de quoi je parle !
Je sais aussi que mon propos peut déranger, mais c’est un cri du cœur.
En fait, cette professionnelle de santé se demande, en cas de grandes catastrophes, si la Martinique est prête à y faire face, au vu de sa mauvaise expérience et des "dysfonctionnements" constatés.
Ces deux mois de confinement doivent nous inciter à faire le bilan de ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas été, pour l’avenir.
"Il faut prendre cette approche critique en considération" (Francis Carole)
Le conseiller en charge des affaires sociales, de la santé et de la solidarité à la Collectivité Territoriale de Martinique, a pris connaissance du courrier de Sylvie. Francis Carole reconnaît qu’"il y a eu de nombreuses défections de personnels durant la période (...), peut-être de peur de contracter le virus, et les CCAS ont dû subir cela aussi (...). Nous l’avons vécu nous-mêmes".
Elle a raison, on ne dit pas cela à quelqu’un. Cette attitude est condamnable. Mais il faut tenir compte aussi des difficultés, car parfois la directive donnée par les élus politiques n’est pas nécessairement suivie d’effets, à cause de défaillances administratives.
"Le service social doit répondre présent"
Donc il faut analyser les défections, parce que nous aurons certainement d’autres crises de même nature et il faudra anticiper ce type de situation.
Le service social doit répondre présent, d’une manière ou d’une autre (...) car ce sont toujours les plus fragiles qui souffrent le plus, et le rôle des institutions est essentiel en pareil cas (...).