Outre-mer : passer des paroles aux actes prendra du temps

Heureusement que les députés de la majorité sont venus prendre part au vote du budget du ministère de l’outre-mer, ce jeudi 9 novembre. Sinon, le document aurait été rejeté car, fait rarissime, la moitié des députés d’Outre-mer a voté contre.
La lune de miel entre le président de la République et nos députés est-elle déjà terminée ? Apparemment, si nous en jugeons par le vote largement négatif exprimé par les parlementaires d’Outre-mer sur le budget du ministère qui nous est dédié. La moitié d’entre eux a rejeté le projet présenté par la ministre Annick Girardin. Ils et elles ont été 13 sur 27, le reste ayant voté pour, ou n’ayant pas participé au vote.

Fait rarissime. D’ordinaire, quand nos députés étaient opposés au budget, ils s’abstenaient afin de ne pas bloquer la machine gouvernementale. Cette fois, ils n’ont pas hésité à montrer leur opposition. Budget en trompe-l’œil, comportant des crédits déjà affectés à des opérations exceptionnelles dans certains territoires, faiblesse de la volonté politique : les députés Serge Letchimy, Josette Manin et Jean-Philippe Nilor ont lâché leurs coups lors des débats. À l’unisson de certains de leurs homologues de Guadeloupe, Guyane, La Réunion.

Le scrutin montre que l’Assemblée nationale a adopté le budget outre-mer par accident. Heureusement que les députés de la majorité présidentielle sont venus au dernier moment grossir les rangs des votants. Ils n’étaient que 130 en séance sur 577, soit un cinquième seulement des représentants du peuple.

Nonobstant la sympathie qu’elle inspire du fait de son dynamisme, la ministre des Outre-mer a néanmoins subi un camouflet. Au-delà de sa personne, c’est l’exécutif qui est visé par une admonestation sous la forme : "mais où est donc votre projet pour l’outre-mer ?".

En dépit des récentes belles déclarations du Président et du Premier ministre, le budget du ministère ne traduit pas encore leurs intentions au sujet de la politique qu’ils entendent mener dans et pour nos territoires éloignés. Décidément, il leur faudra encore du temps pour passer des paroles aux actes, ou comme le dit le poète T.S. Eliot, de l’idée à la réalité.