Près d'un tiers des 2,2 millions d'habitants des départements et régions d'outre-mer sont mal logés, a alerté jeudi la Fondation Abbé Pierre, qui demande des mesures d'urgence au gouvernement.
"Les indicateurs disponibles, encore très incomplets, nous permettent d'estimer à près de 600.000 les personnes qui souffrent du mal-logement ou de l'absence de logement personnel, soit près de trois habitants ultramarins sur dix", sur les 2,2 millions d'habitants que comptent la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, Mayotte et la Réunion, indique la Fondation Abbé-Pierre dans une étude diffusée le jeudi 9 février 2023.
Dans ces territoires où 80% des ménages sont éligibles au logement social (contre 66% dans l'Hexagone) environ 160.000 personnes vivent dans des habitations de fortune, 41.250 sont forcées de vivre chez des tiers (hors Mayotte), 151.320 vivent dans des habitations privées de confort (pas d'accès à l'eau ou aux WC et/ou à une douche) et 220.000 vivent dans des logements surpeuplés, selon cette étude.
"L'éclatement des compétences de l'État au sein des ministères, des directions centrales et décentralisées, nécessite de redéfinir le pilotage et la gouvernance des politiques de l'hébergement et de l'habitat, tout en veillant à impliquer les collectivités locales et les acteurs de la solidarité", estime la fondation qui propose aux pouvoirs publics une stratégie reposant sur "huit axes et 29 actions concrètes à mettre en oeuvre pour les cinq prochaines années".
Pour la fondation il faut ainsi "produire massivement une offre de logements très sociaux (15.000 par an) en adéquation avec les ressources des ménages" et "promouvoir l'architecture bioclimatique basée sur des savoir-faire traditionnels" pour "articuler la lutte contre la précarité énergétique avec les enjeux relatifs au changement climatique et à la prévention des risques".
La Fondation Abbé Pierre propose également d'"engager un travail parlementaire pour reconnaître la propriété d'un ménage vivant depuis plus de dix ans sur un terrain en indivision", pour "régulariser les situations foncières", ainsi que de "réguler les marchés immobiliers".
Enfin, pour les 3.000 personnes en errance (hors Mayotte) que compte ces territoires, la fondation préconise de "renforcer la connaissance des besoins et de dynamiser le partenariat" entre les structures existantes.