Conseiller général, maire, conseiller régional et député : Pierre Petit a mené une vie politique intense durant deux bonnes décennies. Et ceci, en homme politique libre de pensée et d’action. En quelque sorte, un autonomiste. Non pas sur le plan des institutions, comme nous l’entendons de la part de la gauche. Plutôt un homme soucieux de défendre les intérêts de la Martinique, même si cela lui en a coûté au sein du RPR, l’ancêtre des Républicains.
Venu sur le tard dans l’arène politique, il est âgé de 52 ans quand il affronte victorieusement les suffrages des électeurs, après une première tentative douze ans auparavant. Conseiller général du Morne-Rouge en 1982, il devient maire l’année suivante, en battant le communiste Edgar Nestoret, en place depuis 1950. Le même jour, il entre au Conseil régional sur la liste de la droite unie conduite par Michel Renard.
Son ascension politique ne cesse plus. Membre fondateur de l’UMP avec Jacques Chirac auquel il voue une admiration certaine, il conquiert le siège de député dans la 2e circonscription comprenant une moitié de Fort-de-France et la côte nord-caraïbe. Il défait le PPM Claude Lise, président du Conseil général.
Osons oser, un nouveau palier
Il franchit un nouveau palier dans son parcours avec la création de son propre mouvement, Osons oser, en 1995. Objectif : moderniser la droite locale, engoncée dans le discours obsolète de l’assimilation. Ce qui ne l’empêche pas de promouvoir et de pratiquer l’ouverture vers les hommes et les femmes de bonne volonté, quelle que soit leur appartenance politique.
Ainsi, en 1998, la liste conduite par Pierre Petit au Conseil régional obtient 14 sièges. Pourtant, c’est Alfred Marie-Jeanne avec ses 13 sièges qui devient président. Les deux hommes s’entendent. Le chef de file de la liste de l’Union est deuxième vice-président.
Plus que jamais, il est persuadé qu’un consensus est impératif entre tous les courants politiques afin de donner à la Martinique des perspectives nouvelles. Avec Osons oser, il souhaite élaborer un projet politique et économique novateur, au sein de l’ensemble français et européen.
Fort logiquement, il salue la Déclaration de Basse-Terre du 1er décembre 1999 signée par les présidents des régions Guadeloupe, Guyane et Martinique. Lucette Michaux-Chevry, Antoine Karam et Alfred Martinique appartiennent à des bords politiques différents mais ils parviennent à un accord pour demander au gouvernement l’instauration d’un statut social et fiscal spécifique pour leurs trois territoires. Ce qui séduit Pierre Petit.
Un visionnaire énergique
Il appelle plus tard à voter "oui" à l’évolution des institutions lors de la consultation du 7 décembre 2003. Il s’agissait de créer une nouvelle collectivité par la fusion du département et de la région. Il ne sera pas suivi. Qu’à cela ne tienne, il ne dévie pas de sa route.
Sa dernière bataille politique, aux élections régionales de 2004, est ponctuée par un échec. Il recueille moins 6,86% des voix. Il ne peut maintenir sa liste au second tour et n’entre pas à l’assemblée. L’électorat de la droite semble avoir été déstabilisé par la modernité de son propos et l’originalité de son discours.
L’histoire retiendra de Pierre Petit a incarné l’énergie d’un dirigeant politique visionnaire qui n’a cessé d’œuvrer pour décrisper le débat public et abolir les frontières artificielles entre camps politiques dès lors qu’il s’agit de la défense des intérêts supérieurs de sa Martinique. Un pays qu’il avait chevillé au coeur et au corps.