Policier en détention : son avocat estime que "c'est pour cacher une affaire plus grave"

Maître Georges Germany, l'avocat du policier placé en détention.
24h après le placement d'un policier en détention provisoire, son avocat affirme que s'il est dans cette situation c'est pour avoir dénoncé un véritable faux fait par un de ses supérieurs dans une affaire d’arme et de drogue...
Le fonctionnaire de 43 ans a été placé en détention à la prison de Ducos mercredi 9 octobre 2019. Il est soupçonné (entre autres) d’avoir dressé des procès-verbaux injustifiés, à la suite d’une enquête interne de l’IGPN (l’Inspection Générale de la Police Nationale).

Dans une déclaration télévisée faite jeudi soir (10 octobre 2019), son avocat, Georges-Emmanuel Germany, considère que son client serait victime d'un véritable complot. "On se rend compte du caractère ubuesque de la situation où un policier est placé en détention par rapport à des contraventions, c’est le seul fait criminel qu’on lui reproche. (...) C’est du grand n’importe quoi !", s'insurge l'avocat.

Un bon flic qui a dénoncé des choses graves, selon maître Germany.


"On lui dit même qu’il pourrait passer aux assises pour cela. En fait, c’est l’arbre qui cache la forêt. Ce qu’on lui reproche au fond c’est de n’avoir pas voulu couvrir par son silence, un véritable faux fait par un de ses supérieurs dans une affaire d’arme et de drogue", accuse l'avocat.

"Aujourd’hui je crois qu’il est important que ceux qui ont à s’expliquer sur cette affaire, nous aident clairement à comprendre ce qu’il en est, parce que nous n’accepterons pas ce véritable contre-feu qui consiste à mettre le projecteur sur quelqu’un qui est un bon flic, qui a dénoncé des choses graves qui se passe, alors que dans le même temps, on entend rien sur l’autre affaire, celle qu'on essaie peut-être d’étouffer", ajoute de façon sybilline maître Germany.
 

Le procureur Renaud Gaudeul, détaille les accusations 


Pour sa part le procureur de la République apporte quelques précisions. "Le 8 février 2019, deux propriétaires de motocyclette se sont présentés à la délégation IGPN à Fort-de-France afin de dénoncer l'établissement de multiples contraventions dont ils contestaient la réalité. Ils soupçonnaient que toutes ces infractions avaient été constatées par un même agent, avec lequel l'un des plaignants indiquait avoir un différend.

Il est notamment reproché à ce policier d'avoir diffusé des informations sur une affaire criminelle en cours, déclare le procureur.


L'enquête menée par l'IGPN a permis de confirmer que toutes ces contraventions avaient été émises par un même gardien de la paix. Plusieurs d'entre elles, mais également de nombreuses autres relevées au détriment d'autres usagers de la route, se sont avérées présenter des irrégularités graves. En particulier, certaines avaient été relevées alors que les personnes verbalisées pouvaient justifier de ce qu'elles n'étaient pas sur les lieux du contrôle supposé", détaille le procureur. 
 

L'avocat craint pour la sécurité de son client


Renaud Gaudeul ajoute que le fonctionnaire de police a également été entendu dans le cadre d'une procédure portant sur une violation du secret professionnel. "Il lui est notamment reproché d'avoir diffusé des informations sur une affaire criminelle en cours, et notamment l'identité et les photographies de quatre personnes recherchées dans un dossier portant sur des vols avec arme, visés dans le cadre d'une vaste opération de police judiciaire menée le 17 mai 2019". Le fonctionnaire de police était à l'époque des faits affecté à la BAC (Brigade Anti-Criminalité).

"Ce policier est quelqu’un qui fait son travail et qui aujourd’hui est incarcéré alors qu’il a contribué à l’emprisonnement de bon nombre de personnes impliquées dans des affaires (..) Aujourd’hui, là où il se trouve, il est en danger de mort", souligne avec gravité maître Germany.