La Martinique peut-elle pencher pour le Front national ?

Dans la perspective de l'élection présidentielle 2017, la candidate du Front national pourrait venir en campagne en Martinique.
Après la Réunion, Mayotte, et bientôt en Guyane, la présidente du Front national s’apprête à venir en campagne en Guadeloupe et en Martinique. Mais qui pourrait voter pour Marine Le Pen ici ?
Qui peut voter FN en Martinique ? L’électorat de l’extrême-droite est-il comparable à celui de la France continentale, sachant que les caractéristiques des électeurs du Front national sont si complexes que les spécialistes de science politique qualifient cette formation de parti "attrape-tout ", en anglais "catch all". En Martinique, il a été constaté que le vote FN à l’élection présidentielle de 2012 était fortement marqué dans certaines communes rurales et à Fort-de-France. Il ne s’agit pas de stigmatiser les habitants de telle ou telle ville, bien sûr. Il faut rappeler que tout électeur dispose de son libre arbitre face à une offre politique diversifiée. L’électeur du Front national, ici aussi, vote en parfaite connaissance de cause.
 
Il sait pertinemment que, en dépit de la dédiabolisation entreprise par Marine Le Pen et son équipe ces dernières années, la xénophobie et la tentation du repli identitaire constituent une part non négligeable du stock incompressible des valeurs du FN. Mais il se laisse aussi tenter par le discours du "ni droite, ni gauche", quand il mesure sa frustration devant l’impuissance de la droite et de la gauche face au chômage massif, à l’insécurité, au déclassement social, au décrochage de la France.
 
Des constats globalement identiques s’appliquant avec des modalités différentes ici. Et qui peut précipiter vers le FN des citoyens impatients ou mécontents ou tout simplement, convaincus de la justesse des thèses de cette formation. Car ne nous voilons pas la face; Ils sont plus nombreux que nous le pensons, ces Martiniquais nostalgiques d’une certaine grandeur de la France, ou qui se disent inquiets de l’avenir de leur "mère-patrie" comme nos grands-parents disaient jadis, ou qui se disent ouvertement mal à l’aise face aux immigrants de la Caraïbe, qu’ils estiment trop nombreux.
 
En 2007, Jean-Marie Le Pen avait obtenu 2,1% des voix ici. Sa fille Marine, il y a cinq ans, avait plus que doublé ce score avec 4,8%, certes très loin de ses 18% obtenus sur le plan national. En 2017, attention aux surprises !