Océane, Myliane, Anita ou Sorane, tels sont les prénoms des jeunes filles recherchées pendant plusieurs jours entre les mois de septembre et d'octobre 2022. Leurs photos ont été partagées des centaines de fois sur les réseaux sociaux, suite à leur disparition.
Les recherches et les appels à témoins lancés par les gendarmes se sont terminés pour chacune sur un épilogue heureux : "retrouvée saine et sauve". Le travail des enquêteurs se poursuit une fois la personne retrouvée. Des vérifications sont effectuées dans le cadre de l'enquête.
De 24 heures à 7 jours d'inquiétude pour les parents
Dans la grande majorité des cas, il s'agit de "fugues". Elles seraient plus nombreuses pendant les périodes de vacances scolaires. Les enquêteurs ne feraient pas de lien entre ces différentes affaires.
Lors d'une disparition inquiétante, il n'y a pas de délais pour la signaler aux forces de l'ordre, en fonction du domicile (police pour le Lamentin et Fort-de-France, gendarmerie pour les autres communes).
Une mineure de moins de 15 ans qui ne rentre pas chez elle est d'emblée considérée comme une disparition inquiétante. Même si cela peut être une fugue, et c'est souvent le cas, une disparition n'est jamais banalisée.
Ainsi, une enquête judiciaire est diligentée sous la direction du procureur de la République. Il est possible de réaliser différents actes d'enquête, comme des visites domiciliaires (chez les parents ou un lieu où la mineure pourrait se trouver), vérifier les achats bancaires.
Le téléphone portable peut faire l'objet d'une géolocalisation dans le cadre de la sauvegarde de la vie humaine, afin de savoir si ce dernier est actif et où il se trouve. Concernant l'appel à témoin, il est intégré à la procédure et se fait sur autorisation du procureur de la République.
Une fois la personne retrouvée, la mineure et sa famille sont entendues dans le but de savoir ce qui s'est passé, avec qui elle était et vérifier qu'il n'est rien arrivé de répréhensible. Être récupérée ou partir avec des personnes majeures peut constituer, en fonction des cas, des infractions.
Le procureur peut, dans certains cas, prendre des décisions, comme un placement. En l'absence d'éléments judiciaires et si les mesures de préservation de la jeune mineure sont prises, l'enquête est clôturée.
Une fuite ? Un appel ?
Selon la définition du dictionnaire, une fugue est le "fait pour quelqu'un, en particulier pour un mineur, de s'enfuir de son domicile". Un passage à l'acte lourd de conséquence, autant pour celui qui fuit que pour les parents qui s'inquiètent.
Qu'est-ce qui motive ces disparitions ?
Des problématiques familiales avec une difficulté du parent à écouter le jeune, trop de pression familiale. Cela peut également être de la violence ou des carences affectives. Cela exprime une souffrance, quelle qu'elle soit. Cela peut aussi être par mimétisme, une copine a fugué, donc par loyauté, je vais le faire aussi. Ça peut aussi être une fugue qui n'est pas associée à un état de mal-être, mais à un désir de liberté. Je pars, je ne regarde pas l'heure, je n'ai pas de limite, je suis bien là où je suis. Penser à l'inquiétude des parents n'existe pas.
Carole Christophe Triboulet, psychologue clinicienne
Pour tenter de trouver une solution, le dialogue est la clé. Il est important d'interroger l'adolescente sur les raisons de sa fugue.
En fonction de la réponse, le parent répondra en posant les limites avec un rappel des règles et surtout comprendre ce qui s'est joué. Si le jeune est en souffrance, que le parent puisse se remettre en question. Le parent a cette nécessité de mettre du sens sur ce qui s'est joué quand son jeune est parti.
Carole Christophe Triboulet
Une fugue n'est jamais anodine. Ce comportement doit toujours être pris au sérieux.