Pourquoi le TCSP doit-il rouler dès le 23 mars 2017 ?

Les BHNS sont à l'arrêt.
Le TCSP doit rouler dès le 23 mars 2017 car l'Europe a lancé un ultimatum aux élus martiniquais en menaçant de récupérer ses 80 millions d'euros déjà versés.
Le 9 mars dernier à la préfecture de Fort-de-France, le préfet, le président du conseil exécutif de la CTM (Collectivité Territoriale de Martinique) et son collègue président de la Cacem (Communauté d'Agglomération du Centre Martinique), décident d'arrêter la date du jeudi 23 mars 2017 à 11 heures pour une marche à blanc du TCSP (Transport Collectif en Site Propre), dans le couloir réservé aux bus.*

Une marche à blanc signifie que les BHNS (14 Bus à Haut Niveau de Service de 24 mètres articulés possédant des portes latérales), vont circuler sans voyageurs pour tester les réseaux, les feux, notamment lors des croisements avec les autres véhicules. Des vérifications techniques  indispensables avant la véritable mise en service.

Pourquoi le  23 mars ?

La date annoncée à l’issue de cette réunion à huis clos, est la conséquence d’une évaluation de l’utilisation des fonds européens par le comité de suivi. Ce Comité de suivi est coprésidé par le préfet et le président du conseil exécutif de la CTM. Il est composé notamment d'élus et de représentants du monde socio-économiques. Instance décisionnelle de pilotage, il se réunit au moins une fois par an pour veiller à l'avancement des programmes européens.

Initialement prévue pour décembre 2015, repoussée à mars 2016, puis septembre 2016, puis avant juin 2017...la mise en service du TCSP est sans cesse renvoyée. Le TCSP qui coûte plus de 380 millions d’euros est au centre d’un différend entre la majorité de la CTM, autour d’Alfred Marie-Jeanne et ses alliés et la Cacem, dominée par le PPM et ses partisans. Chacun se renvoyant la responsabilité du retard dans la mise en route du projet. L’europe perd patience. "Nous avons été suffisamment tolérants", auraient dit les représentants de l’Union au préfet et aux élus. L'Europe menace de reprendre ses plus de 80 millions d'euros, déjà versés pour le TCSP, si rien ne se passe avant le 31 mars 2017. Il a fallu cet ultimatum pour arrêter la date du 23 mars 2017 et lever les points de blocage.

Il se dit avec persistance que le préfet qui veut assister à cette marche à blanc du 23 mars, est sous la contrainte de la période de réserve. À partir du 24 mars 2017, il doit s'abstenir de participer à toute manifestation ou cérémonie publique susceptible de présenter un caractère pré-électoral, avant l'élection présidentielle puis les législatives.

Un équipement très attendu

Pourtant, le TCSP est présenté notamment par la DEAL (Direction de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement de la Martinique), comme une solution pour améliorer la circulation entre Lamentin et Fort-de-France. "Le niveau de congestion des axes routiers (+ de 110 000 véhicules/jour sur l’axe Lamentin/Fort-de- France) confine à l’asphyxie tandis que l’accroissement du trafic routier se poursuit sur un rythme soutenu (+ 4 % /an). Face à l’urgence de la situation, le projet de TCSP proposé s’inscrit dans une programmation qui permettra d’apporter une amélioration significative de la situation", estime la DEAL.
*Les chauffeurs de taxis de place souhaitent utiliser les couloirs du TCSP lors des embouteillages. "C'est la mort si on n'emprunte pas les couloirs du TCSP", selon Alain Decailles de la fédération des taxis indépendants après une manifestation le dimanche 5 mars 2017 entre Lamentin et Fort-de-France. "Les couloirs du TCSP sont réservés...au TCSP", confirment les responsables du projet. Les artisans-taxis de place pourraient manifester leur mécontentement...