La modernité en Outre-mer sera-t-elle enfin à l’ordre du jour ? Quelle que soit la couleur politique du prochain locataire de l’Elysée, il ou elle devra montrer qu’il se préoccupe vraiment de l’avenir de nos pays. Tout d’abord en se débarrassant des archaïsmes typiques de la politique de l’Etat vis-à-vis de nos territoires éloignés.
Les crises sociales récurrentes sonnent comme autant de signaux d’alarme sur l’insatisfaction de nos populations. Le chômage élevé et la dépendance presque totale envers l’extérieur pour les produits alimentaires et les biens de consommation montrent que le développement économique n’est pas au rendez-vous.
La lassitude, le désespoir, la frustration sont des sentiments partagés sur les trois océans de la vaste France périphérique. Ces trois dernières décennies, d’innombrables rapports de mission, colloques, séminaires et autres états généraux ont pointé du doigt les causes de ce malaise et proposé des pistes de solution.
Depuis ces trois dernières décennies, nous savons à peu près ce qu’il convient de mettre en œuvre pour donner espoir aux générations montantes. Espoir en ce que le mal-développement n’est pas une fatalité.
A quand une vision moderne de l’Outre-mer ?
Le futur chef de l’Etat et son équipe devront montrer leur volonté politique visant à entamer, enfin, un cycle novateur de développement de nos territoires. Par exemple, en dotant nos collectivités d’outils administratifs et financiers leur permettant d’élaborer des stratégies de développement dans la sérénité et dans le long terme.
Une simplification du cadre juridique dans lequel sont insérées les collectivités d’Outremer s’avère impérieuse également. La décentralisation, à l’œuvre depuis 40 ans, est en passe d’être élargie avec la loi dite 3DS portant différentes mesures sur la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et la simplification de l’action publique locale.
Sans le dire, la France est en train de devenir un Etat fédéral. L’Outre-mer a sa partition à y jouer. Plus globalement, il est temps de cesser de croire que nos productions permettent à nos territoires d’accroître leur richesse. L’exportation du nickel de Nouvelle-Calédonie, des perles de Tahiti, du sucre de canne de La Réunion et de la banane de Guadeloupe et Martinique n’assure absolument pas notre expansion économique.
Une France fédérale et plurielle
Le tourisme tel qu’il est conçu, pas davantage. Cette industrie reste balbutiante. Elle ne profite qu’aux compagnies aériennes et aux grandes chaînes hôtelières extérieures. Pourtant, nous sommes entourés de pays qui considèrent le tourisme comme un gisement d’emplois rémunérateurs, tout en assurant un effet d’entraînement de l’artisanat, de l’agriculture et de la pêche.
Il reste à espérer aussi du prochain président que nos identités culturelles et nos caractéristiques sociologiques seront réellement prise en compte. La diversité de la société française montre qu’elle est déjà multiculturelle, pluriethnique et multiconfessionnelle, même si certains refusent de l’admettre.
Si la France du 21e siècle veut continuer à se définir avec ses territoires éloignés, elle doit leur conférer toute leur place, en responsabilité et en dignité.