Présidentielle : vers une majorité parlementaire improbable ?

Les onze candidats à l'élection présidentielle 2017. De gauche à droite : François Fillon, Benoît Hamon, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, Jacques Cheminade, François Asselineau, Nathalie Arthaud, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou.
Le président élu le 7 mai prochain aura besoin d’une majorité parlementaire stable pour diriger le pays. Ce qui a toujours été évident ces cinquante dernières années le sera-t-il encore cette année ? Au vu de cette campagne inédite, il est permis de se poser la question.
Afin de présider et faire appliquer la politique validée par les citoyens, le chef de l’Etat qui sera élu le 7 mai prochain devra disposer d’une majorité cohérente de députés. Cette quasi-obligation politique a toujours été respectée sous la Cinquième République. Et davantage encore depuis l’instauration du quinquennat en 2002. Le renouvellement de l’Assemblée nationale suit d’un mois et demi le choix du président qui a toujours bénéficié de cette dynamique née de sa victoire.

En ce sens, il est coutumier de prétendre que l’élection présidentielle se joue sur quatre tours. Les élections législatives auront lieu les 11 et 18 juin, tout juste six semaines après la présidentielle. Les députés choisis par les citoyens le seront conformément au choix qu’ils auront fait pour élire le chef de l’Etat. Celui-ci aura besoin d’une véritable légion pour élaborer et voter les lois écrites pour mettre en musique son programme.

Le seul cas où le président a été mis en minorité, c’était en 1997, deux ans après l’élection du président de droite Jacques Chirac. Il a dissous l’Assemblée nationale et s’est retrouvé en butte à une majorité de gauche. Sinon, il n’y a pas de cas révélés de majorité parlementaire hostile au président en place, que les législatives aient eu lieu immédiatement après celles du président, en 1962, 1981,1988, 2002, 2007 ou 2012. Pas davantage quand l’Assemblée nationale a été renouvelée selon le calendrier prévu en 1967, 1968, 1973, 1993.

Voilà pour le discours dominant dans la sphère politique. Oui mais, voilà…Au vu de la campagne inédite à laquelle nous avons eu droit depuis trois mois, avec ses coups d’éclat, ses coups de Trafalgar, ses coups de Jarnac, ses coups bas et ses coups tordus, pourquoi n’aurions-nous pas droit cette fois à un coup de tonnerre ?

Du genre d’une majorité de députés ne correspondant pas à la majorité présidentielle. Il est rassurant de se dire que la hiérarchie des normes sera respectée cette fois aussi. Or, il est tout aussi légitime de se demander si cette logique s’appliquera aujourd’hui. Décidément, la France perd la tête. Pour paraphraser la célèbre biguine : "Mi la Frans ka vini fol, fol, fol, fol, fol… "