Présidentielle : les socialistes peuvent-ils encore convaincre ?

Jean-Luc Bennahmias, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Sylvia Pinel, François de Rugy et Manuel Valls.
Le premier débat, jeudi 12 janvier, entre les sept candidats de la Belle Alliance Populaire, regroupement des socialistes, radicaux de gauche et écologistes, s’est enfin tenu, un mois et demi après la désignation du candidat de la droite. Que faut-il en retenir ?
La mise en scène sobre et intelligente du premier des trois débats de la primaire des socialistes et alliés n’a pas empêché que cet échange suscite un certain étonnement. Aucun des sept prétendants de la gauche de gouvernement à l’Elysée n’a pu se hisser réellement à la hauteur de l’enjeu. Comme si les socialistes assument l’abandon de l’ADN de la gauche : la remise en question pacifique du système dominant, une vision du monde teintée d’idéalisme, une certaine audace intellectuelle.

Reprenant à son compte la thématique et le langage de la droite qu’elle est supposée combattre, la gauche perd son âme. Il est vrai que l’urgence de l’heure commande aux candidats d’être le plus présidentiable possible. Entre un Mélenchon pugnace se présentant comme le porte-parole de la vraie gauche et un Macron se positionnant comme le porte-parole de la gauche moderne, les socialistes et leurs amis sont mis à l’étau. Au risque de brouiller un message rendu inaudible par un quinquennat de tous les renoncements.

Alors que le PS a largement emporté les suffrages des électeurs de Martinique lors des trois dernières présidentielles, que se passera-t-il cette fois ? Seul Manuel Valls dispose d’un comité de soutien animé par la fédération socialiste et le Parti progressiste. On s’attendait à ce que le  PPM choisisse un candidat incarnant les valeurs traditionnelles de la gauche, comme Benoît Hamon ou Arnaud Montebourg, voire Vincent Peillon, l’héritier de François Hollande. C’est le représentant de l’aile droite du PS qui a été sélectionné.

Il est décidément bien loin le temps où Césaire fréquentait et soutenait Mitterrand, symbole de la gauche s’il en fut qui était. Il paraît que ça s’appelle du pragmatisme.