Primaire de la droite et du centre : la Martinique vote à rebours du national

- Alain Juppé et Francois Fillon les candidats du 2e tour de la primaire de la droite et du centre
Le second tour de la primaire de la droite et du centre s’annonce intéressant en Martinique aussi, où au contraire des résultats nationaux donnant une large avance à François Fillon, c’est Alain Juppé qui arrive en tête chez nous.



Il est un peu tôt pour analyser le vote en Martinique, faute d’institut d’études sociologiques. Ce qui n’empêche pas quelques observations. Tout d’abord, une bonne participation, légèrement supérieure à celle de la primaire de la gauche en 2011 : 4.510 aujourd’hui contre 3.808 il y a cinq ans. Mais ce moment de vie démocratique mobilise peu chez nous : à peine 1,5% du corps électoral s’est déplacé, contre près de 10% dans l’hexagone.

Deuxième observation : les mutations constatées du corps électoral, avec cette forte affluence des Békés et des "métros", remarquée par plusieurs responsables des républicains. "Ils votent peu aux élections locales mais sortent pour les élections nationales", me fait remarquer l’un des chefs de la droite locale qui ajoute : "cette évolution était subodorée jusque-là, mais elle désormais confirmée ". Cela a été le cas surtout au François, au Diamant, à Sainte-Luce et dans les quartiers huppés de Fort-de-France.

Troisième constat : la Martinique est l’un des neuf territoires à donner la victoire à Alain Juppé, Nicolas Sarkozy l’emportant seulement dans les deux départements de Corse et à la Réunion alors que François Fillon réalise un grand chelem avec 88 départements l’ayant porté en tête. L’ampleur de son avance, 16 points d’écart par rapport au second Alain Juppé, ne laisse pas de surprendre. Les tendances révélées par les sondages d’intention de vote ont été sublimées.

Ici aussi, le second tour s’annonce palpitant avec deux personnalités incarnant des filiations différentes au sein de la droite. Elles s’opposent sur l’immigration, la laïcité, l’autorité de l’État, les mœurs. Quant à l’outre-mer, la différence est évidente : l’équipe de Juppé lui a préparé un programme d’une trentaine de pages quand le projet de Fillon ne tient qu’en quelques chapitres au sein de son programme général. Là aussi, deux visions différentes de nos territoires et de leur avenir.

Au-delà des programmes, des projets et de la vision du pays, les électeurs de droite, ici comme ailleurs, devront choisir entre un capitaine pour temps de paix, Juppé, ou un capitaine pour temps de tempête, Fillon, tous deux au charisme très relatif. La question est de savoir si la France est en paix ou si elle traverse une tempête.