Jusqu’à quand le monde souffrira-t-il du racisme ?

Hommage à George Floyd à Fort-de-France.
C’est en toute logique que la Martinique a participé, mardi 9 juin 2020, à une nouvelle mobilisation internationale à l’occasion des obsèques de George Floyd, cet homme noir tué par un policier à Minneapolis.
 
Le monde souffre du racisme. La Martinique n’est pas en reste. Ceux qui croient que nous n’avons que faire ici avec ce qui se passe aux États-Unis ignorent leur passé. Ce ne sont pas les informations dont nous manquons, mais plutôt de formation. Nos immenses lacunes collectives en matière d’histoire ne doivent pas nous faire oublier un fait.

Celui que les États-Unis ont en commun avec la Caraïbe l’instauration du racisme comme mode de gouvernement dès les débuts de la période coloniale. Quatre siècles plus tard, la ségrégation raciale n’est plus de mise. Dans tout notre hémisphère, les lois iniques élaborées pour maintenir les Noirs dans un état d’infériorité ont été abolies. Pourtant, les réminiscences de l’inégalité entre personnes selon leur couleur de peau sont bien réelles.

Le racisme perdure parce qu’il a été inculqué à ses victimes d’une génération à l’autre. Dès lors, il se pose la question de savoir comment supprimer les discriminations liées à la race. Ou plutôt, à ce qui en tient lieu. Cette notion est purement abstraite, purement construite. L’Europe a inventé le racisme pour justifier sa volonté hégémonique d’assujettir des peuples et de conquérir des territoires hors de son espace géographique.
 

Le racisme, une doctrine aux effets permanents


Cette doctrine a consacré la volonté de domination du monde exprimée par les monarchies européennes du 15e siècle. Ses traductions sont intimement reliées entre elles. Elles ont pour nom le colonialisme, la traite négrière, l’esclavage des Noirs d’Afrique, puis plus tard, l’impérialisme. Sans oublier l’élimination systématique des peuples premiers dans tout le continent américain, l’archipel caraïbe y compris.

En ce 21e siècle, notre société demeure percluse des maux et des mots de la doctrine du racisme. Ainsi, en Martinique, à quoi correspondent aujourd’hui les notions de béké, de mulâtre, de nègre, de kouli ? Quelles réalités recouvrent-elles encore ? Quelle est leur pertinence ? C’est un exemple parmi d’autres de nos difficultés à dépasser des notions obsolètes et nos complexes les uns vis-à-vis des autres.

Jusqu’à quand resterons-nous prisonniers du préjugé de race ? Pour y répondre, il est opportun de se rappeler la première phrase de Discours sur le colonialisme, le magistral essai d’Aimé Césaire publié en 1950 : "Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente".