Qui veut détruire l’économie touristique en Martinique et faire fuir les visiteurs ?

Images des quatre restaurants sinistrés au Carbet et à Sainte-Luce en moins d'un mois (décembre 2021 et janvier 2022).
4 restaurants particulièrement prisés par les touristes sont partis en fumée en moins d’un mois en Martinique. Après ceux du Carbet fin décembre 2021, deux établissements de Sainte-Luce ont subi le même sort lundi 24 janvier 2022. Hasard ou actes délibérés ? Les professionnels et les promoteurs de la filière sont en colère et s’interrogent.

Lundi 24 janvier 2022, l’image de la destruction par les flammes de deux des restaurants les plus fréquentés sur le rivage de Sainte-Luce fait énormément réagir. Il s’agit des enseignes "Face à la Mer" et "La Baraqu’Obama", boulevard Kennedy, en plein bourg.

Une enquête a été ouverte par la gendarmerie, après la mobilisation des pompiers durant près de 2 heures afin de circonscrire le sinistre. Les dégâts sont "considérables" d’après les témoignages et plusieurs salariés se retrouvent au chômage technique.  

Pour le président de l’Office de Tourisme Intercommunal du Sud de Martinique, "c’est l’ensemble du territoire qui est touché par ce sinistre".  

Tout d’abord, je tiens à témoigner ma solidarité et mon soutien aux propriétaires des restaurants sinistrés. Ces incendies viennent accabler davantage des acteurs économiques déjà lourdement touchés par la crise sanitaire, en pleine haute saison touristique. Ces restaurants en bord de mer sont de véritables atouts touristiques pour la destination Sud Martinique. Ainsi, c’est l’ensemble du territoire qui est touché par ce sinistre, dont l’origine demeure pour l’heure inconnue.

Hugues Toussay - président de l'OTISM

Le préfet du territoire, Stanislas Cazelles, déplore ces dégradations, comme ce fut le cas en décembre dernier sur le bord de mer de la commune du Carbet, au nord Caraïbes. Dans la nuit du 27 au 28 décembre 2021, "Le Pélican Beach" et "Le Petibonum" ont en effet eux aussi été victimes d’un sinistre ravageur.  

Hasard ou actes délibérés ?  

Dans les deux cas, la piste criminelle est loin d’être écartée. A Sainte-Luce, la responsable d'une des deux enseignes affirme que des témoins auraient vu trois personnes s'enfuir dans la nuit, juste avant que les flammes se propagent. Les 4 établissements visés ciblent prioritairement la clientèle touristique, d'où la question légitime : y-a-t-il une volonté délibérée de ternir la vitrine touristique de l’île, de détruire son économie et de rebuter les visiteurs in fine ?

Car forcément, ces incendies nous renvoient aux images désastreuses de magasins et de ronds-points en feu, pas plus tard qu’au mois de novembre dernier, en marge de manifestations contre le Pass Sanitaire. Ces actes malveillants ont d’ailleurs fait la une des chaines nationales durant plusieurs jours.      

"Votre soutien est le ciment de notre reconstruction"  

Beaucoup d’entre vous sont abasourdis et en colère par ce qui s'est passé au Pélican Beach et nous témoignent qu'ils ne comprennent pas cet acte criminel inacceptable. Certes nous sommes aujourd'hui réduits en cendres à 100%, mais votre soutien est le ciment de notre reconstruction (…). Et n'oubliez pas que l'avenir peut s'éveiller plus beau que le passé. Nous sommes forts, nous sommes confiants.

La direction du Pélican (post Facebook - 5 janvier 2022)

Les cendres des restaurants "Face à la Mer" et "La Baraqu’Obama", boulevard Kennedy à Sainte-Luce (24 janvier 2022).

"La Martinique avance même si on ne veut pas !"

Rien ne nous arrêtera !!! Nous reconstruirons encore mieux pour vous. J’attends de la justice qu’elle fasse son travail. Nous, on est debout sur un tas de cendres, mais rien n’entachera ma détermination (…). La Martinique avance même si on ne veut pas !

Guy Ferdinand (post Facebook du 28 décembre 2021).

L’Office du Tourisme Communautaire Nord Martinique de son côté estime que "ce sont des coups de poignards dans l’économie touristique de la filière restauration".

Décembre 2021, Carbet. Janvier 2022, Sainte-Luce à un mois d'intervalle, pour constater la destruction de 4 restaurants de plage, ravagés par les flammes...D'aucuns pourraient penser ou dire que ces exactions ou méfaits font parler de la Martinique au-delà de nos frontières. Une question se pose : quel est l'intérêt d'avoir incendié ces 4 structures, piliers de la restauration martiniquaise ? Si ce n'est de mettre à terre une économie touristique déjà presque exsangue, en raison de la crise sanitaire doublée d'une crise sociale.

OTCNM

  • "Un coup de canif au PIB" (Produit Intérieur Brut)  

Ces actes qualifiés de criminels, par un grand nombre d'entre nous, entraînent forcément un manque à gagner, un coup de canif au PIB et surtout une atteinte grave à l'image de la Martinique. C’est une tentative de la ternir, renforçant la perception négative générée les 2 derniers mois de l'année 2021, à cause de la crise sociale... Ces attitudes inconscientes pourraient hélas, à terme, pousser à une requalification de la Martinique et impacter ses activités de pleine nature, son spiritourisme et évidemment sa gastronomie. Cependant, les Martiniquais sont connus pour leur résilience, avec l'esprit entrepreneurial et savent rebondir, pour que l'on parle de la Martinique "ki ka pliyé mé ki paka kassé". Un clin d'œil à Jean-Louis Strafforelli et à Guy Ferdinand, qui lui, a repris son activité sur les chapeaux de roue.

Marie-Chantal Etienne, directrice de l’OTCNM