Réforme de la retraite : les Sénateurs tentent d'améliorer la condition des retraités d'Outre-mer

L'hémicycle du Sénat à Paris.
Le deuxième cycle de discussions sur le projet de réforme des retraites arrive au Sénat. La deuxième chambre du Parlement examine à partir de demain, mardi, le texte du gouvernement. Les sénateurs d’Outre-mer seront en pointe, comme leurs collègues députés pour tenter de corriger le texte en faveur des populations de nos territoires.

Le fond de la réforme du régime des retraites sera-t-il abordé au Sénat ? Les débats au sein de la deuxième chambre du Parlement sont en général moins électriques qu’à l’Assemblée nationale. Selon toute vraisemblance, cela sera le cas pour ce projet de loi.

Hormis le report de deux ans de l’âge auquel chacun peut demander de cesser de travailler, les sénateurs ont l’intention, tous groupes politiques confondus, d’inclure dans le texte certaines dispositions visant à l’améliorer. Notamment, la condition des retraités vivant dans les collectivités d’Outre-mer.

Montant de la pension inférieur de 12 à 28% en Outre-mer

Il y avait été sensibilisé par les députés de nos territoires, mais le gouvernement n’a inclus aucune mesure spécifique dans son texte pour réduire les inégalités actuelles défavorables aux retraités de ces territoires. Si elle est votée, la réforme va renforcer les différences de traitement entre anciens travailleurs selon qu’ils vivent Outre-mer ou pas.

Par rapport à la moyenne française, le montant de la pension dans nos pays est inférieur de 12 à 28%. L’âge moyen réel de départ est de 65 ans au lieu de 63 ans, un salarié étant forcé de travailler plus longtemps pour avoir une pension plus avantageuse, ou d’aller à 67 ans pour obtenir le taux plein. 

Ces différences s’expliquent par le chômage massif, des salaires inférieurs dans le privé, l’omission de déclaration des charges sociales, l’alignement récent du SMIC, qui pénalise encore ceux qui ont été rémunérés en-dessous du salaire minimum.

Front commun des sénateurs d'Outre-mer ?

Sans oublier la persistance de carcans empêchant l'expansion économique en Outre-mer et donc, le versement de salaires décents, le recul du sous-emploi et la réduction du chômage à un seuil socialement acceptable. Forts de ses constats, plusieurs sénateurs de ces collectivités souhaitent atténuer les effets néfastes de la réforme envisagée. Par exemple, l’adaptation du niveau des cotisations pour alimenter le minimum-vieillesse ou l’élargissement de cette allocation de soutien aux personnes âgées à celles qui en sont encore privées.

D’autres pistes seront peut être abordées comme la pré-retraite à 55 ans en contrepartie du recrutement d’un jeune, la pension minimale à 1 200 € net, l’augmentation de la pension de base des agriculteurs, l’allègement des conditions du cumul emploi-retraite. Ou encore un effort conséquent en faveur des femmes, moins payées que les hommes et dont la carrière est interrompue par la maternité.

Il reste à savoir si les 24 sénateurs des collectivités seront entendus, ou même écoutés. Le gouvernement ayant volontairement limité la durée de l’examen de son texte au Parlement, il n’est pas certain que les caractéristiques économiques et sociales du marché du travail dans ces territoires puissent être prises en compte. 

Ce qui signifierait que ce gouvernement persiste dans son ignorance volontaire de nos réalités. Et qu’il assume le fait de ne pas s’attaquer aux discriminations entre citoyens français.