Rentrée judiciaire : intensifier la lutte contre la délinquance sous toutes ses formes

Le palais de justice de Fort-de-France
L’installation de 9 nouveaux magistrats au tribunal a permis également la création de deux postes supplémentaires pour améliorer l’efficacité de la justice. Une réponse pénale forte qui risque de se révéler insuffisante pour endiguer la délinquance.
 
Améliorer la réponse pénale face à la montée de la délinquance. L’objectif proclamé du procureur de la République en cette rentrée judiciaire est clair et ambitieux. Deux magistrats supplémentaires sont affectés en Martinique pour renforcer les effectifs en poste au Tribunal de grande instance.

Selon le procureur, cette décision du ministère de la Justice, longtemps réclamée et longtemps attendue, est incontestablement un signal fort. En jeu, lutter plus efficacement contre les trafics internationaux dont notre pays est le théâtre : cocaïne, crack, résine de cannabis, armes, êtres humains. Le blanchiment de l’argent généré par ces activités criminelles sera également mieux tracé et par conséquent, mieux combattu.

La lutte contre la pègre qui n’a cessé de s’étendre ces trente dernières années depuis l’apparition du crack sera renforcée. C’est la volonté affichée par les magistrats. La tâche est immense. Ces criminels ont pu infuser le tissu économique et social par leur mode de vie et leur consommation de produits onéreux. Sans oublier de judicieux investissements leur permettant de masquer la provenance douteuse de leurs fonds.
 

Accentuer la répression est nécessaire mais insuffisant


Il reste à savoir si la réponse pénale suffira à juguler la criminalité. S’attaquer à ses effets visibles est essentiel. La liquidation de quelques trafiquants et proxénètes est nécessaire, d’autant que ceci est de nature à rassurer la population. Sauf que la réponse ne peut pas être uniquement judiciaire. La mission des magistrats ne consiste pas à s’attaquer aux causes profondes de l’extension du domaine de la criminalité.

Voici 30 ans, certains observateurs pressentaient que la drogue allait aspirer une partie de notre jeunesse écrasée par le chômage, l’oisiveté et le manque de perspectives d’épanouissement. Une génération plus tard, nous y sommes. Qu’avons à dire à nos enfants pour les empêcher de devenir des trafiquants ? Comment pouvons-nous les convaincre de choisir d’être ingénieur, médecin, professeur, employé, ouvrier ou commerçant ?

La réponse pénale est impérative, salutaire et bienvenue. Toutefois, elle est insuffisante dans une société ayant perdu ses repères traditionnels et en quête de nouvelles valeurs que nul ne sait encore définir.