Réparer les séquelles de l’esclavage, un chantier immense et obligatoire

Scène de châtiment d'un esclave avant 1848 à la Martinique
La réparation des conséquences de l’esclavage est un thème récurrent du débat public aux États-Unis, au Brésil, en Colombie, dans la Caraïbe, mais pas encore en Europe. Or, c’est là que sont nés la traite négrière transatlantique et le commerce colonial.
 
Réparer les séquelles de la mise en esclavage de nos ancêtres africains : le chantier est immense, ambitieux, obligatoire. Au risque d’irriter les partisans de l’oubli, rappelons qu’aucun peuple ne peut durablement ignorer son histoire. Moments de gloire et de joie, ou périodes de souffrance et de misère, tout doit être connu, intégré et assumé. C’est une loi immuable de l’humanité. Dont nous sommes, à n’en pas douter.

Donc, chantier immense. Voici une trentaine d’années, des intellectuels et des militants en ont posé les fondations. L’exemple le plus éclatant est la loi portée par la députée de Guyane Christiane Taubira, adopté par les députés français en mai 2001. Un texte synthétisant une réflexion féconde menée aux Antilles et en Guyane. Néanmoins, il est remis régulièrement en cause par les tribunaux.
 

L’Europe évite d’aborder le sujet des réparations


Ensuite, chantier ambitieux. Il concerne tous les territoires où vivent des descendants des captifs africains réduits au travail servile. Le monde américano-caraïbe, bien sûr, mais aussi l’Europe de l’ouest et certaines régions d’Afrique.

Enfin, la réparation est un chantier obligatoire. Tout crime est irréparable, certes. Mais ses conséquences doivent être mesurées et compensées. Dans le cas de l’esclavage organisé par les Européens d’hier, ce sont les Européens d’aujourd’hui qui doivent payer. Le Caricom l’a bien compris, en engageant une action déterminée.
 

Les peuples de la Caraïbe exigent "des excuses réelles et sérieuses"


L’organisation composée d’une vingtaine d’États et de territoires de la Caraïbe, dont la Martinique, exige "des excuses réelles et sérieuses" aux gouvernements européens, l'annulation de la dette de ses pays membres, la mise en place d'un programme de rapatriement des descendants des Africains déportés souhaitant vivre au pays de leurs ancêtres.

Autres demandes : le développement de programmes de santé publique et de lutte contre l'illettrisme, le transfert de technologies et de savoirs, l’amélioration de la couverture sanitaire des populations les plus pauvres. Le chantier est immense, ambitieux et obligatoire.