La République particulière du président Macron

Le Président de la République Emmanuel Macron.
Pour sa première conférence de presse alors qu’il est élu depuis près de deux ans, le président de la République s’est montré à l’aise devant un public qu’il n’apprécie guère, les journalistes. Il semble avoir enfin pris la juste mesure de son rôle.
 
Prestation réussie pour cet as de la communication. Justifiant ses décisions, tirant les conclusions du Grand débat national, Emmanuel Macron a joué le rôle du personnage forgé depuis son arrivée aux affaires, en mai 2017.

Loin de l’autocritique et du renoncement à son discours des origines, le président a montré sa volonté d’aller de l’avant. Il ne renonce pas aux orientations prises au début de son mandat. Ce qui ne lui interdit pas d’opérer quelques réorientations. "Tout arrêter, ce serait faire fausse route", a-t-il justifié.
Il assure avoir entendu la colère ambiante dans le pays. Elle s’exprime par la dénonciation de l’injustice fiscale, la perte de confiance envers les élites, l’inefficacité de certaines politiques publiques.

Cependant, il ne valide pas les revendications les plus radicales. Le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et l’instauration du référendum d’initiative citoyenne (RIC) ne sont pas repris à son compte.
 

Un dialogue de sourds avec les citoyens en colère


De là à parler d’un dialogue de sourds avec les "Gilets jaunes", il n’y a qu’un pas. Pourtant, c’est l’émergence de ces citoyens en colère qui a permis le Grand débat national. Un processus habilement confisqué à son seul profit par le président. Il ne devait pas y participer, mais la tentation était trop forte. D’où cette série de rencontres publiques avec des élus locaux et des citoyens durant trois mois.
Il n’empêche.

L’activisme du chef de l’Etat illustre une de ses failles. Il est devenu président trop tôt dans son cursus politique. Sa jeunesse est un atout, mais il lui manque cette épaisseur que lui auraient conférée des mandats d’élu. Il ne s’est jamais frotté aux rigueurs de la gestion d’une commune ou d’une région. Il ignore les usages du Parlement. Autant de handicaps pour un président sans relais auprès des citoyens.
 

Le président est conscient des erreurs commises


La seconde erreur d’Emmanuel Macron est de s’appuyer sur son élection acquise de haute lutte. Il est persuadé que le peuple lui a donné quitus de sa vision de la société et de son programme pour la France. Or, avec 24% des voix obtenues au premier tour de l’élection présidentielle, son idéal reste minoritaire dans le pays.

Les erreurs du chef de l’Etat ne l’empêchent toutefois pas de considérer qu’il lui est impossible de réaliser seul son programme. Il s’est montré pénétré de sa mission, consistant à fixer le cap à suivre. Il a montré avoir compris la place occupée par les citoyens, les élus et le gouvernement.

Le président réhabilite l’esprit des origines de la Ve République, au prix d’une surprenante crise de société que sa déconnexion avec ses concitoyens a alimenté. À se demander si cette conférence de presse ne sonne pas le véritable début de son quinquennat.
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