La survenance d’une nouveaux lahars au Prêcheur en ce mois de janvier 2018 est l’occasion d’une prise de conscience de notre extrême fragilité face aux manifestations prévisibles de la nature. Du moins, c’est à espérer.
Les habitants du Prêcheur l’ont échappé belle, au prix d’une belle frayeur pour certains. La série de lahars ayant déferlé dans le lit de la rivière des Abymes a épargné la population et provoqué des dégâts matériels mineurs. Qui sait si nous pourrons tirer le même bilan la prochaine fois ?
Pourtant, rien ne bouge, ou si peu. Nous restons prisonniers de la ville coloniale : le bourg construit autour du clocher, de la caserne puis de la mairie avec les exploitations agricoles en périphérie. Il n’est que de se promener avec attention dans les communes du littoral pour constater cette organisation de l’espace qui ne convient pas à la vie d’aujourd’hui.
Nous restons prisonniers aussi de la ville des années d’expansion de l’après-guerre : des lotissements et des logements sociaux sans lien avec le bourg, un mitage de l’arrière-pays par des constructions anarchiques, un tissue urbain spontané. Des correctifs sont désormais portés, mais il est fréquent de trouver des villas ou des immeubles édifiés au bord d’une rivière, à deux pas de la mer, ou en surplomb d’une colline.
"À quelque chose malheur est bon", dit l’adage. Et si la révolution de nos comportements prenait naissance au Prêcheur ?