Rues enflammées et affrontements violents à cause de la pénurie de carburant en Haïti

Barricades dans la ville de Port-au-Prince (21 octobre 2021).
La grève d’essence qui dure depuis le 21 octobre 2021 attise la colère de la population. Une pénurie générée par le mouvement des transporteurs de carburant face à la flambée de la violence. Les conséquences sont multiples: barricades enflammées, affrontements, rues désertes, fermeture des écoles...

C’est une grève qui fait suite à un le ras-le-bol des transporteurs de produits pétroliers qui craignent de plus en plus pour leur vie.

Samedi 16 octobre 2021, deux transporteurs de carburants ont été enlevés à Martissant, alors qu’ils venaient d’effectuer leur livraison.

Un événement non isolé, qui pousse les chauffeurs à la mobilisation afin d'alerter l’État sur leur situation. Ils souhaitent que le gouvernement prenne au plus vite des mesures pour combattre l’insécurité latente dans le pays.

Vu la montée grandissante de l'insécurité sur toute l'étendue du territoire national, qui fait beaucoup de victimes (enlèvement, viol...) et qui décapitalise notre société en payant des rançons.

 

L'association porte à la connaissance du peuple haïtien qu'un arrêt de travail sera observé sur tout le territoire national à partir du 21 octobre 2021, pour dire non au phénomène de l'insécurité, particulièrement le kidnapping qui met les citoyens et citoyennes hors de toute liberté.

l'Association des chauffeurs de produits pétroliers d'Haïti

 

C’est donc un pays tout entier qui est paralysé. La majorité des stations d’essence sont à sec et ont dû fermer boutique.

Station-service fermée à Port-au-Prince

Une grève qui suit son cours, plus d’une dizaine d’associations syndicales ont annoncé le début d’un arrêt de travail ce lundi 25 octobre.

Jacklyn Dupré, porte-parole de l'association des transporteurs de produits pétroliers, a confié à nos confrères du Nouvelliste les raisons de cette prolongation.

Nous nous attendions à ce que l’État haïtien nous informe des dispositions prises en matière de sécurité pour transporter les produits pétroliers.

 

Jusqu’à maintenant, personne ne dit rien. Nous ne pouvons pas nous livrer à la boucherie. La grève se poursuit.

 

Une mobilisation aux lourdes répercussions

 

À Port-au-Prince comme dans les autres villes, les conséquences de la grève d’essence se font ressentir de jour en jour.

Les réservoirs des véhicules, des tap-tap et des moto-taxis (moyens de locomotion très prisés) sont vides. Par conséquent tout est au ralenti voire à l'arrêt, ce qui ne fait qu’intensifier la colère des habitants qui descendent se plaindre dans les rues.

Mobilisation des chauffeurs de moto-taxis devant la maison du Premier Ministre

Des barricades sont érigées dans différents quartiers de Port-au-Prince, des rues sont en proie aux flammes, certains axes routiers habituellement très fréquentés sont désertés.

Autre impact et pas des moindres, les structures de santé risquent de ne plus pouvoir continuer leurs activités de soins. L'organisation Médecins Sans Frontières annonce dans un communiqué de presse publié ce lundi 25 octobre 2021 qu'elle devra réduire son travail d'assistance si la situation perdure. 

Les hôpitaux privés tirent également la sonnette d’alarme. Sans carburant les établissements de santé ne pourront fonctionner. Ils demandent à l’État d’agir au plus vite afin d'éviter la catastrophe.

Si aucune livraison de Diesel n'est garantie au plus vite, les services de pédiatrie, pour plus de 300 enfants, de maternité pour plus de 45 femmes, de soins urgents et d'hospitalisation pour plus de 70 adultes y compris, des soins de traumatologie, seront interrompus faute de carburant le mardi 26 Octobre 2021.

 

L'association des hôpitaux privés d'Haïti et l'Organisation nos petits frères et sœurs

 

Sans cesse pointé du doigt pour sa passivité depuis sa prise de fonction, le Premier ministre, Ariel Henry sort de son mutisme sur le sujet, en présidant une réunion sur la situation sécuritaire du pays...