Les plages du Vauclin, ville du littoral atlantique sud de la Martinique, sont confrontées à un problème majeur : l’invasion des sargasses. Ces algues brunes, tout aussi toxiques qu’envahissantes, perturbent l’écosystème local et pénalisent l’activité touristique.
C’est dans ce contexte que la Chambre Régionale et Territoriale des Comptes (CRTC) des Antilles-Guyane a publié un rapport accablant sur la gestion communale de ce fléau.
La gestion des sargasses sous le feu des critiques
Depuis 2018, le littoral du Vauclin subit régulièrement des échouements massifs de sargasses, ces algues brunes toxiques. En cinq ans, plus de "38 000 mètres cubes" ont été collectés sur les "39 kilomètres de côtes" vauclinoises.
Pourtant, le rapport de la CRTC souligne l’état d’absence "d’une stratégie élaborée de lutte contre cette pollution".
En effet, les opérations de ramassage des sargasses ont été financièrement supportées à 86 % par l’État. Les opérations de collecte ont été essentiellement réalisées par les brigades de collecte de l’association "Hommes & Territoire", sans cadre formalisé. La commune a également bénéficié d’une mise à disposition par la CAESM d’engins de collecte et envisage désormais de reprendre en régie ces services.
La CRTC Antilles-Guyane
En parallèle, le rapport insiste sur la nécessité pour la municipalité de mieux informer les visiteurs et de garantir la protection de l’environnement. Une attention particulière doit être portée à la sécurisation et à la mise en conformité du site de stockage de la Pointe Faula, un élément central pour éviter toute pollution des sols par les composants toxiques des algues.
Les opportunités offertes par le groupement d’intérêts publics "service public Anti-sargasses de Martinique" doivent permettre à la commune de répondre à ses responsabilités et à son devoir de protection des administrés et usagers.
La CRTC Atilles-Guyane
Réactions du maire, Jimmy Farreaux
Face à ces critiques, le maire du Vauclin, Jimmy Farreaux, a réagi.
Sur le site de la Pointe Faula, il y a un terrain où l’on stocke les algues. Ce terrain-là, c’était autrefois un espace pour la chasse ou le moto-cross. Aujourd’hui, il n’est pas conforme puisqu’il faudrait l’imperméabiliser avant d’y déposer les sargasses. Nous travaillons avec les services de l’État pour rendre ce site conforme et éviter toute pollution des sols par les composants toxiques des algues.
Jimmy Farreaux, maire du Vauclin,interrogé par Viviane Dauphoud-Eddos
Parmi les solutions envisagées, le maire propose l’utilisation de bâches pour couvrir les algues pendant leur décomposition. Cette approche permettrait de limiter les coûts tout en préservant l’environnement.
Nous évaluons avec les services de l’État la solution la plus adaptée et la moins coûteuse, aussi bien pour la commune que pour l’État.
Jimmy Farreaux
Une situation financière préoccupante
Outre les problèmes liés aux sargasses, le rapport de la CRTC souligne une dégradation des finances communales. Entre 2020 et 2023, les dépenses de personnel ont augmenté de "50 %", tandis que les charges générales ont grimpé de "36 %". En parallèle, la capacité d’autofinancement nette (CAF) a chuté à "0,296 million d’euros" en 2023.
En matière d’investissement, le faible taux moyen d’exécution des dépenses d’investissement (26,5 %) témoigne d’un pilotage insuffisant d’autant plus que la commune ne s’est pas dotée d’un plan pluriannuel d’investissement.
La CRTC
La CRTC recommande de renforcer la transparence des comptes et de maîtriser les charges pour améliorer la situation financière.
Avec ce rapport, le Vauclin est invité à repenser sa gestion des sargasses et à améliorer sa gouvernance financière. Les initiatives annoncées par Jimmy Farreaux marquent une première étape vers une réponse plus adaptée aux enjeux écologiques et économiques auxquels la commune est confrontée.