Allons-nous assister à une recomposition du paysage politique martiniquais après ces élections sénatoriales ? La question se pose avant chaque élection, il est vrai. La raison en est simple : tout scrutin est susceptible de permettre un renouvellement partiel du personnel politique. Les lignes de force à l’œuvre au sein de notre microcosme sont donc appelées à bouger.
Ce qui est d’autant plus faisable avec le mode particulier d’élection des sénateurs. Chacun des 809 membres du collège électoral dispose de deux voix, la Martinique disposant de deux sièges au Sénat. Ce qui autorise toutes les combinaisons et tous les panachages. Et ceci davantage quand nous constatons que l’autorité des partis politiques est de moins en moins prégnante.
Désormais, nul ne peut empêcher à un électeur de choisir en son âme et conscience de voter tel ou tel, sans respecter les consignes des dirigeants de sa formation politique, si tant est qu’il adhère à une de ces formations. Nous en avons eu aperçu lors des dernières sénatoriales, en 2017.
Des pronostics clairs comme une bouteille à l’encre
Précisément, si cinq candidats sans étiquette, la moitié des postulants, participent à la compétition cette fois, du jamais vu, c’est que le poids des appareils s’est considérablement amoindri. Par conséquent, il est impossible de prévoir la distribution des votes des grands électeurs.
En outre, tout pronostic est hautement hasardeux en l‘absence de la droite, d’une part, du Mouvement indépendantiste martiniquais et de ses alliés du Gran sanblé, d’autre part. Ces courants ne donnent aucune consigne de vote et ne soutiennent aucun candidat. Là non plus, c’est du jamais vu, quand on connaît le poids qu’ont eu par le passé ces forces politiques.
Au total, ces sénatoriales, du fait de leur caractère incertain, ne laissent rien présager d’un éventuel reformatage du milieu politique. Faut-il se réjouir de cette dépolitisation d’une élection politique ? Ou, au contraire, faut-il espérer une rénovation lente et certaine de nos pratiques politiques ? Bien malin qui le saura avant ce dimanche 24 septembre 2023.
Les candidatures soumises au vote des grands électeurs :
- Belfort Birota,
- Frantz Thodiard,
- Yvon Pacquit,
- Richard Barthéléry,
- Raphaël Séminor,
- Frédéric Buval,
- Catherine Conconne,
- Louise Telle,
- Jean Lanoix,
- Édouard Tinaugus.