Les signes qui alertent les professionnels de santé sur les violences conjugales

La Haute Autorité de Santé (HAS) vient de mettre à disposition des professionnels de santé (le 2 octobre 2019), un guide d'une cinquantaine de pages, regroupant les principaux signes à observer, afin de mieux repérer et d’accompagner les femmes victimes de violences conjugales.
Ces recommandations s’adressent plus particulièrement aux professionnels de santé intervenant en premier recours ou dans le cadre de la prévention : médecin généraliste, médecin urgentiste, pédiatre, gynécologue médical, gynécologue obstétricien, psychiatre, médecin du travail, sage-femme, infirmier(e) des urgences et libéral(e), infirmier(e) puériculteur(trice), chirurgien-dentiste, masseur kinésithérapeute.
 

D'autres professionnels concernés


Autres professionnels de santé concernés : les médecins en Unité Médico Judiciaire, les médecins des conseils départementaux et en particulier de PMI (Protection Maternelle et Infantile) et autres référents pour la protection de l’enfance, psychologues, pharmaciens(nes), conseillers(es) conjugaux(les) des CPEF (Centres de Planification et d'Education Familiale), assistants(es) sociaux(les), travailleurs sociaux et professionnels travaillant en lien avec des aides-soignants(es), auxiliaires de puériculture, secrétaires médicaux(les)...).
Affiche de l'Union des Femmes de Martinique.

Aucune femme n'est épargnée


Toutes les femmes, quel que soit leur statut socio-économique, leur âge, leur orientation sexuelle, leur état de santé, leur handicap peuvent être concernées.
  • En moyenne en France, 219 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur ancien ou actuel partenaire intime, au cours d’une année.
  • Seulement 19 % de ces victimes déclarent avoir déposé une plainte auprès de l’autorité (gendarmerie ou commissariat de police) à la suite de ces violences
  • En 2018, 121 femmes ont été tuées dans un contexte de violences au sein du couple
  • Vingt et un enfants mineurs sont décédés, ont été tués cette même année, sur fond de conflit conjugal.
Les femmes restent les premières victimes de violences conjugales, mais il faut rappeler que les hommes peuvent aussi être victimes de ces mêmes violences.
Mobilisation contre les violences faites aux femmes en Martinique
Recommandations de la HAS aux praticiens :
- Montrer son implication.
(Mettre des affiches et des brochures à disposition des patients dans la salle d’attente)
- Questionner systématiquement, même en l’absence de signe d'alerte.
(Un repérage précoce est primordial car les faits de violences s’aggravent et s’accélèrent avec le temps)
- Y penser particulièrement en contexte de grossesse et de post-partum.
(Adopter une attitude empathique et bienveillante sans porter de jugement)
- Considérer l’impact sur les enfants du foyer pour les protéger. 
(Toute situation de violence au sein du couple constitue une situation de maltraitance pour les enfants qui y sont exposés)
- Expliquer les spécificités des violences au sein du couple pour déculpabiliser la patiente et l’aider à agir face aux différents types de violences.
(Violences psychologiques, verbales, physiques, sexuelles, économiques, le plus souvent récurrents et cumulatifs, entre partenaires intimes).
- Évaluer les signes de gravité.
(Si besoin mettre en place des mesures de protection)
- Établir un certificat médical ou une attestation professionnelle.
(Peut être utilisé pour faire valoir les droits de la victime et obtenir une mesure de protection)
- Si besoin faire un signalement.
(Avec l’accord de la victime, porter à la connaissance du procureur de la République les sévices ou privations constatés, sans nommer l’auteur des faits. Cet accord n’est pas nécessaire si la victime est une mineure ou une personne vulnérable)
- Informer et orienter la victime en fonction de la situation.
(Informer la victime qu’elle est en droit de déposer plainte, car les faits de violence sont interdits et punis par la loi.
Elle doit être orientée vers les structures associatives, judiciaires et sanitaires qui pourront l’aider)
- S’entourer d’un réseau multiprofessionnel