La socialiste martiniquaise Béatrice Bellay, au "rendez-vous de la gauche d’après"

Discours d'Olivier Faure, 1er secrétaire national du Parti Socialiste, lors de l'université de Blois (août 2020)
Les socialistes ont tenu leur université d’été ce week-end à Blois, une rentrée qui a vu la participation de Béatrice Bellay. La 1ère secrétaire de la FSM est intervenue à la tribune, lors de ce rassemblement de trois jours, baptisé "le rendez-vous de la gauche d’après".
Cette université du PS (Parti Socialiste), s'est déroulée cette année les 28, 29 et 30 août 2020 à Blois, (au sud ouest de Paris, département du Loir-et-Cher), en présence d'Olivier Faure, 1ère secrétaire national du parti.

Le social, l’écologie et la démocratie étaient au centre des débats de ce "RDV de la gauche d’Après", avec une volonté commune, ou du moins affichée par une majorité de participants : l’unité, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2022.

Béatrice Bellay, la 1ère secrétaire de la FSM (Fédération Socialiste de Martinique) s’est exprimée sur les enjeux et solutions à apporter selon elle, aux situations socio-économiques des Outre-mer post-covid.

Elle en a profité pour rappeler la position de la fédération locale sur plusieurs thématiques, telles que l’engagement en politique, le développement économique, ou encore l’écologie, la lutte contre la pauvreté et les échanges caribéens.
Béatrice Bellay, 1ère secrétaire de la FSM (Fédération Socialiste de Martinique) à la tribune de l'université du PS, à Blois (août 2020)
 

Béatrice Bellay nous a accordé un entretien à l’issue de ce rassemblement de 3 jours 

 
Comment dessinez-vous la gauche de demain, celle d’après ?
 

Nous avons besoin d’une gauche rénovée. Cette "gauche d’après" c’est une gauche qui se parle et s’unit autour de visions et ambitions communes qui répondent davantage aux besoins des citoyens, à l’avenir et au développement des territoires.

Nous ne devons pas, nous ne pouvons plus nous permettre de nous déchirer et cesser le dialogue sur des divergences de moyens, alors que nous savons pertinemment que nous avons plus de dénominateurs communs que de contradictions.

Aux dernières municipales, c’est ce dialogue préliminaire et ses unions construites qui ont permis à la gauche et singulièrement au PS, de garder de grandes villes (Paris, Lille, Nantes, Rennes...) et de conquérir par les urnes, la gouvernance de nouvelles agglomérations (Montpellier, Saint-Ouen, Bourges, Quimper...).


Cette gauche que vous souhaitez rassemblée...doit-il (ce rassemblement) se faire jusqu’à l’extrême avec Jean-Luc Mélenchon des Insoumis ?
 

Rien de ce qui pourra se faire à gauche n’est à s’interdire. Nous avons décidé, nous socialistes, de tendre la main à tous à gauche et d’aller sur le dépassement.
C’est ce que mon courant porte depuis longtemps, ce qui a été entendu, admis et mis en œuvre partout où c’était possible.

Encore une fois, ces alliances sont indispensables pour battre  la droite de LaREM, celle de Les Républicains, toutes deux ultra-libérales et qui font la course pour la destruction de notre modèle social, de nos solidarités et des politiques économiques qui permettent de lutter contre les inégalités. Sans oublier le Rassemblement National qui attise partout les haines et nourrit les séparatismes.


À l’occasion de cette future présidentielle de 2022, quelles doivent être d’après vous les priorités pour la Martinique, au sein de cette "nouvelle gauche" que vous appelez de vos vœux ?
 

Nous allons porter inlassablement la question de l’écologie et du développement durable, avec un point central qui sera de trouver, sans délai, des solutions à l’empoisonnement des terres à la chlordécone, des eaux martiniquaises et ipso facto, aux aspirations des habitants.

Il nous faudra également avancer sur la capacité de nos territoires insulaires à pouvoir bénéficier d’une véritable différenciation territoriale, gage de nouveaux rapports entre l’État et les collectivités locales d’Outre-mer.

Il y a encore beaucoup à faire et à construire sur nos gains en souveraineté  alimentaire, énergétique...sur notre démographie qui ne doit pas être une fatalité et qui doit trouver une autre voix que celle du dépeuplement et du vieillissement.
 


"Des politiques familiales ambitieuses"

 

Pour cela, je porterai mon soutien à des politiques familiales ambitieuses, en termes de natalité, de retour de nos compatriotes qui voudront contribuer durablement, au développement de la Martinique.

Et puis il y a notre ouverture économique, culturelle et diplomatique sur notre espace régional caribéen à construire solidement, car nous ne pouvons pas espérer nous développer, en ignorant nos voisins qui vivent et subissent, même s’ils sont indépendants, les mêmes contraintes structurelles et insulaires que nous.

Béatrice Bellay avec Olivier Faure (1er secrétaire national du Parti Socialiste, illustration).
La voix des territoires au sein des instances nationales, est-elle suffisamment audible selon vous Béatrice Bellay ?

Je suis non seulement membre de droit de l’instance nationale qu’est le Conseil National du PS, mais également membre du Bureau National.
Je ne lâche rien, nous ne lâchons rien et toutes les fois où l’occasion nous est donnée d’être présents, les Outre-mer dont je suis issue, partagent dans ces instances, les préoccupations de nos compatriotes des territoires.
Et je peux vous assurer que ma voix porte.


Quelle est l’appréciation de la FSM sur l’actualité locale tumultueuse depuis le 22 mai 2020 (du déboulonnage de différentes statues, jusqu’au tag du buste du Général de-Gaulle ce récemment au Vert-Pré, en passant par le vandalisme de symboles religieux, et cette hostilité marquée d’une partie de la population vis-à-vis de la communauté béké et de ses intérêts ?)

Nous avons revendiqué et revendiquerons toujours notre identité martiniquaise. Il s’agit aujourd’hui d’entendre les aspirations de notre population et parfois même de les devancer.

Notre position sur la statuaire issue essentiellement de la IIIe République est limpide. L’histoire qu’il faut déboulonner n’est pas celle du matériel, mais bien plus importante, celle du roman national qui a gommé des siècles de barbarie coloniale et toute trace de la lutte de nos ancêtres mis en esclavage ou colonisés, pour la liberté.

Pour cela, les élus locaux doivent prendre rapidement leur pleine part de responsabilité et travailler  notamment, à une réappropriation dynamique de notre histoire, de nos espaces publics, de sorte que la connaissance, mais aussi  l’imagerie et la statuaire, soient aussi et surtout celles de la représentation de la fierté des habitants de la Martinique.
 


"Nous avons depuis longtemps fait la preuve de notre capacité à "vivre ensemble"

 

Pour ceux qui est de la communauté dite "béké", nous n’avons pas d’avis tranché et unanime. Pour autant, je crois utile, personnellement, de dire que le martiniquais noir, dans sa grande majorité, ne peut être taxé d’anti-quoi que ce soit.

Nous avons depuis longtemps fait la preuve de notre capacité à "vivre ensemble", sans heurts et dans la juste harmonie et existence de nos origines, de nos cultures, nos religions, nos couleurs de peaux, lesquelles se sont mélangées avec le temps. Des indiens, chinois, syro-libanais, "zorey", africains… il n’est pas un qui ait été exclu ou brimé.

Personnellement, je pense encore que c’est à cette "communauté" de prouver désormais qu’elle avance véritablement au sujet de l’ostracisme caractérisé en grande partie par son entre soi.
Je suis persuadée qu'ils en sont capables. Il leur manque probablement, à mon sens, le courage et l’audace nécessaires pour changer de paradigme.
Les jeunes générations y seront peut-être plus sensibles.
 

"La problématique d’un plus juste partage de la richesse produite"

Car à la question dite "identitaire", s’ajoutent également l’aspect économique et celui de la justice sociale qui mobilisent les hommes et les femmes à travers le monde.

Si le pouvoir économique n’est pas totalement sien, la communauté dite "béké" en détient une part importante et souvent monopolistique.

Elle ne pourra donc pas, comme d’autres acteurs économiques, échapper à la problématique du plus juste partage de la richesse produite, ce qui est une réalité mondiale.