Soirées contes à la pleine lune : Valer'Egouy veut valoriser la parole contée en Martinique en lien avec l’Afrique

Le conteur martiniquais Valer'Egouy.
Avec l'Association Martinique Images, dont il est le directeur artistique, Valer'Egouy propose en ce mois de juin plusieurs spectacles à travers l'île. Fidèle à sa vision du conte antillais, il a invité deux artistes africains.

N’est pas conteur qui veut ! Il ne suffit pas de savoir lire un texte à haute voix pour s’arroger pompeusement le titre ni même de lancer à l’assistance « Yé krik ! » avec la dernière énergie pour s’entendre répondre « Yé krak ! » de la meilleure des façons. 

Déclamer et raconter une histoire, la rendre accessible et compréhensible aux plus petits comme aux plus grands, exigent un talent oratoire consommé et une philosophie intuitive où s’entremêlent la connaissance de ses racines et l’amour pour son terroir. 

Seuls les hommes et les femmes qui ont été initiés à l’art ancestral de la parole et qui perçoivent son utilité dans la société peuvent se targuer d’être en capacité de transmettre. Et encore ce n’est jamais définitivement acquis puisqu’un conteur ne finit pas d’apprendre.

Valer'Egouy, conteur, comédien, metteur en scène.

C’est le cas de Valer'Egouy. Conteur, comédien, metteur en scène, il a beaucoup écouté les anciens dans son enfance à Sainte-Marie, le berceau du Bèlè. Au quartier Pérou où il a grandi, il s’est souvent entendu demander au milieu de la ronde : « Est-ce que la cour dort ? » 

En 1989, Valer'Egouy passe enfin de l’ombre à la lumière avec sa première scène. Il se frotte à tous les publics. Aujourd’hui, son engagement pour "l’oralité, l’écriture vivante et le conte" est pilotée par l'Association Martinique Images, dont il est le directeur artistique.

Non content de proposer ici et ailleurs ses propres spectacles et d’animer des ateliers en milieu scolaire, Valer'Egouy s’est fait un devoir, en bon Samaritain, de faire connaitre au public martiniquais des conteurs étrangers, ses pairs et leurs compères.  

En ce mois de juin, l'Association Martinique Images organise ainsi des soirées contes à la pleine lune, à travers l'île, avec deux invités africains, le conteur togolais Marcel Djondo et le griot sénégalais Ali Boulo Santo Cissoko, accompagné de sa kora.

Le griot sénégalaisAli Boulo Santo Cissoko.

C’est fondamental de se lier avec des artistes issus de la terre où est née et continue de circuler la parole contée. Nous avons besoin d’entrer en relation directe avec les conteurs de l’Afrique et d’apprendre de façon différente. Ils ne content pas comme les Belges, les Français, les Italiens. Nous avons gardé quelque chose d’eux, c’est l’interactivité avec la cour ou l’assemblée. Nous avons besoin de nous remettre ça en mémoire régulièrement en Martinique. Nous avons besoin de nous observer, de nous valoriser, de nous dire que ce que nous faisons est fort.

Valèr’Egouy

Marcel Djondo et Ali Boulo Santo Cissoko se produiront le mercredi 22 juin à la bibliothèque du Robert (9h). Le conteur togolais régalera ensuite le public en solo le samedi 25 juin à Bois carré au Lamentin (17h) et en duo avec Valèr’Egouy le dimanche 26 juin (10h) à Cap Macré au Marin.