A l'appel des syndicats et des groupes de l'opposition, des milliers de manifestants se sont mobilisés vendredi 17 février 2023 dans les rues de Paramaribo, la capitale du Suriname.
Deux groupes se sont même retirés d’une coalition avec le parti du président du Surinam, Chandrikapersad Santokhi, lors des élections de 2020.
Depuis l’annonce du gouvernement le 7 février 2023, de supprimer des subventions sur les produits essentiels comme le carburant, l’électricité et le gaz, les Surinamiens ont commencé à exprimer leur ras-le-bol en demandant également le départ du président Chandrikapersad Santokhi et Ronnie Brunswijk, le vice-président.
Le 17 février, la situation a dégénéré. La police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants qui ont tenté de pénétrer dans le bâtiment de l’Assemblée Nationale et ont commencé à piller les magasins du centre-ville de Paramaribo.
La police a arrêté 83 personnes.
Un pays en crise
Le Suriname est sous perfusion d’un plan de sauvetage du FMI (Fond Monétaire International) qui demande au gouvernement de réduire les dépenses.
En supprimant les subventions sur les carburants, l'électricité et le gaz, le gouvernement espère réaliser des économies de 56 millions d’euros par an.
Les compagnies pétrolières SOL et Rubis exigent le paiement par avance pour les livraisons au Suriname.
Le dollar surinamien perd sa valeur. Les prix ont explosé. Avec un salaire minimum de 57 centimes l’heure, la population est en souffrance.
Les craintes d’un putsch
Le président Chandrikapersad Santokhi est actuellement aux Bahamas à l'occasion du sommet des leaders des pays de la Communauté Caribéenne, la CARICOM.
Dans un communiqué de presse, la CARICOM a condamné les actes de violence au Suriname et les tentatives de déstabiliser le gouvernement.
Le gouvernement de Suriname a instauré un couvre-feu de 18h à 6h jusqu’à nouvel ordre. Telesur, le fournisseur principal des services d’internet au Suriname a coupé tout accès aux réseaux sociaux, une censure inédite dans le pays.
Les ambassades des États-Unis, de France et du Canada demandent à leur ressortissants d'éviter la ville capitale Paramaribo.