Syndicalistes et politiciens martiniquais pas convaincus par Emmanuel Macron

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Syndicats et politiques de Martinique n'ont pas tardé à réagir à l'issue de l'entretien accordé à France 2 et TF1 ce mercredi 22 mars 2023. Une nouvelle mobilisation est prévue ce jeudi 23 mars 2023.

Si l'objectif d'Emmanuel Macron était d'apaiser, son entretien semble avoir eu l'effet inverse. Les syndicalistes martiniquais se disent encore plus déterminés à se mobiliser jeudi 23 mars 2023. 

Les membres du syndicat CGTM, en place sur les barrages érigés aux entrées des zones commerciales du Marin ont invité leur membre à une forte mobilisation "pour forcer au retrait de cette réforme des retraites et obtenir des améliorations salariales". 

Le discours de ce jour de Macron démontre à l’évidence le fossé géant qui existe entre les préoccupations quotidiennes et à long terme de ceux qui, par leur travail, font fonctionner les entreprises et les institutions, et celles du gouvernement au service des intérêts financiers des entreprises capitalistes.

Communiqué de la CGTM

De son côté, le secrétaire du syndicat Force Ouvrière estime que "les rôles sont inversés".

Lorsque vous avez un projet de réforme qui est illégitime socialement, financièrement, démocratiquement, ce n'est pas à nous de l'écouter. C'est plutôt à lui de nous écouter. Comme il l'a dit dans le peu que j'ai écouté, les syndicats sont légitimes dans leur lutte. Quand on a un pays dans une telle situation, je pense, le rôle du Président de la République est de maintenir un lien et une cohésion sociale. Quand on est sourd à la protestation et au refus de plus de 70% de la population et plus de 90% des travailleurs, c'est lui qui doit écouter.

Eric Bellemare, FO, interrogé par Xavier Chevalier

Plus virulent, Philipe Pierre-Charles parle d'une "intervention dérisoire, hypocrite et menaçante".

Elle est dérisoire, car il ne dit rien de nouveau. Elle est menaçante, parce qu'il indique que son souci est ce qu'il appelle "l'ordre républicain". Il faut sans doute s'attendre à des interventions sur les actions déterminées d'opposition à son plan. Et puis c'est très hypocrite parce que lorsqu'il raconte qu'il n'y a pas 36 solutions, il n'aborde aucune de celles qui pourraient faire changer les choses. Il parle de faire quelque chose sur les rachats d'actions alors que c'est très simple. On vient de dire qu'il y a 152 milliards de bénéfice cumulé pour 38 entreprises du CAC 40 sur l'année 2022. Si Monsieur Macron avait le souci d'apaiser la situation, il aurait montré une volonté de s'en prendre à ces superprofits et permit qu'ils facilitent une solution sur la question des retraites.

Philippe Pierre Charles, CDMT, interrogé par Xavier Chevalier

Du point de vue des politiques non plus, cet entretien n'a pas convaincu. Le député Jiovanny William qui a voté "pour" la motion de censure LIOT contre le gouvernement lundi 20 mars 2023, la colère de la rue est à prendre en compte.

Rien de nouveau sous le soleil. Emmanuel Macron n'a fait que faire du service après-vente d'une réforme qui est passée en force. Pas de Mea Culpa sur ce qui a été fait, c'est-à-dire ce passe en force. Pas de Mea Culpa vis-à-vis de ses propos concernant la population qui s'insurge contre cette réforme. Pour ma part, je n'en attendais pas plus que ça. Nous sommes dans le flou, dans le vague, dans l'à peu près. Je ne parlerais pas de mensonge, mais on dit n'importe quoi aux Français. Bien sûr, il faut manifester. Et plus fort par rapport à ce que le Président de la République a osé dire concernant la foule. Il a eu des propos choquant vis-à-vis de la population qui manifeste et qui veut se faire entendre, parce que désappointée.

Jiovanny William, député NUPES, interrogé par Xavier Chevalier

Béatrice Bellay première secrétaire fédérale du PS est quant à elle, très remontée. 

Emmanuel Macron a décidé de se maintenir dans une offensive contre la population française parce qu’aujourd'hui, ce sont 70% des Français qui sont opposés à cette réforme. Il n'a pas été capable de la faire voter. Aujourd'hui, il prétend que les personnes qui, dans leur grande majorité, sont opposées et sont dans la rue sont des "factieux" qui usent de la violence, que ce peuple qu'il est en charge d'apaiser et de diriger n'est pas légitime. Nous sommes face à un président qui gouverne seul, qui n'a pas d'enjeux personnels parce qu'il ne peut pas se représenter et qui devient pour notre démocratie, la vraie c'est-à-dire le pouvoir au peuple, un opposant. La mobilisation va continuer. J’espère que demain, dans les rues de Fort-de-France notamment, il y aura de façon pacifique, une marée humaine. 

Béatrice Bellay, PS, interrogée par Xavier Chevalier

L'intersyndicale appelle à la mobilisation générale jeudi 23 mars 2023. Le rendez-vous est à 8h à la maison des syndicats.