Les syndicats de la santé des Antilles-Guyane et de la Réunion souhaitent la prise en compte d'un "volet Outre-mer" dans le plan Ségur

Dans un courrier daté du 18 juin 2020, l'intersyndicale interpelle le gouvernement sur la situation sanitaire des hôpitaux publics. Les organisations de Guadeloupe, de Martinique, de Guyane et de la Réunion parlent de "promesses oubliées (...) au profit du patronat".
Les syndicats de la santé des Antilles-Guyane et de la Réunion (CDMT - CGTM - FO - USAM - UGTM - SMMq - SMH - AH - APH - FSAS CGTG) ainsi que les personnels des établissements sanitaires et sociaux et de l’aide à domicile du public et du privé, semblent avoir changé de ton.

Le bon fonctionnement de nos établissements est indispensable et vital pour assurer la sécurité sanitaire de nos populations de l’hexagone et de l’outre-mer (...).
Des milliards de financement d’Etat sont débloqués au profit du patronat, alors que pour la santé, c’est toujours la pénurie et des promesses oubliées. 


Après ce constat sans appel, les professionnels de santé réclament donc au gouvernement "la justice sanitaire", à travers "un plan de programmation et de reconstruction de tout le système de soins".

Dans cette plate-forme adressée également aux élus locaux, aux ministères de l’économie et des Outre-mer, ainsi qu’à la presse nationale, l’intersyndicale espère ainsi faire entendre son cri d’alarme, dans le cadre du Ségur de la santé (du nom de l’avenue de leur ministère de tutelle), lancé par le gouvernement le 25 mai 2020, pour une restructuration de la fonction publique hospitalière. 

Le Ségur de la santé est né d’une ambition : tirer collectivement les enseignements de l’épreuve traversée face au COVID-19 et faire le lien avec "Ma santé 2022", pour bâtir les fondations d’un système de santé encore plus moderne, plus résilient, plus innovant, plus souple et plus à l’écoute de ses professionnels, des usagers et des territoires. 

Lancé le 25 mai 2020, les travaux du Ségur de la Santé doivent aboutir (...) à des solutions fortes qui intégreront notamment la revalorisation des rémunérations et des carrières. 

(Ministère des solidarités et de la santé).

Les représentants de l'intersyndicale de la santé en Martinique

"7 volets de revendications"


Les organisations ultramarines de la santé se félicitent de leur plate-forme commune, "une première", et demandent "l’ouverture sans délai des négociations sur 7 volets de revendications".


    - Un plan de financement exceptionnel immédiat de la Santé Publique, annulant la dette des Hôpitaux et Ehpad publics de l’hexagone et de tous les départements d’Outre-mer, incluant un soutien à la trésorerie et la recapitalisation. La prise en compte des missions de service public, des activités de soins spécifiques au contexte des DOM, avec leurs surcoûts assumés tant par les hôpitaux que par les secteurs psychiatriques sociaux et médico-sociaux.

    ⁃    Des moyens matériels et des effectifs en nombre suffisant pour assurer un service public de qualité apte à fournir les meilleurs soins en toute sécurité (équité d’accès aux soins) et disposant d’une réserve sanitaire capable de répondre aux situations sanitaires exceptionnelles (cyclone, tremblement de terre, chlordécone, sargasse, dengue...) auxquelles sont confrontés nos populations (stock stratégique opérationnel pré-positionné).

    ⁃    La reconnaissance des métiers, une revalorisation salariale et professionnelle conséquente, avec augmentation du point d’indice et revalorisation des grilles salariales de tous les métiers (indexée sur l’inflation et prenant en compte la pénibilité des métiers).

    ⁃    La rénovation, la reconstruction et la mise aux normes de nos établissements publics de santé et de nos Ehpads. La prise en compte effective de la qualité de vie au travail de tous les agents.

    ⁃    L’élaboration d’un véritable plan de sauvetage du service de santé public sur l’ensemble du territoire national dont les DOM, élaboré en concertation avec les organismes de tutelle, les représentants de la population, les directions, le corps médical et les représentants du personnel.

    ⁃    Une nouvelle gouvernance qui remette au centre de nos préoccupations le patient et le personnel, tant dans l’élaboration des projets d’activité des unités fonctionnelles, que dans la définition des plans et projets d’établissements, pour une égalité des chances face à la maladie.

    ⁃    L’ouverture de négociations pour une refonte complète de nos modes de financements, qui doivent être basés, non sur une "activité" toujours entravée, mais sur des besoins de santé publique clairement identifiés et une juste évaluation des coûts et des surcoûts.


Kim Benchikh, chirurgien-orthopédiste, est un des signataires de cette plate-forme, en tant président du Syndicat Martiniquais des Hospitaliers.
Pour lui, "l’élément essentiel des préoccupations, c’est le malade".

La vraie question c’est : quel est le coup pour notre société d’une véritable politique de santé publique ? Qu’est ce qu’on est prêt à faire en termes d’efforts ? (...) 

Nous réclamons la république partout et pour toutes les populations du territoire national.

(Kim Benchikh)


Les conclusions du Ségur de la santé sont attendues pour la mi-juillet 2020 par les acteurs des Outre-mer et leurs homologues de l'hexagone.