Usées par le temps qui passe, les statues des églises de Martinique perdent de leur superbe. Le blanc immaculé des robes de bure, les étoles dorées, le mauve des chasubles...n'ont plus leur lumière originelle. D'une main de maître, l'artiste Maryvonne Joseph leur redonne leur brillance d'antan.
Dans son atelier filtre une douce lumière qui caresse les bouteilles de peinture acrylique. Un kaléidoscope de couleurs bien aligné sur des étagères de bois.
Entourée de Saint-Antoine, de Notre-Dame des sept douleurs, de Sainte-Anne et de Sainte-Thérèse ...et de dizaines de statues religieuses, Maryvonne Joseph, artiste connue des Martiniquais met son talent au service de leur reconstruction depuis 40 ans.
À la demande des paroissiens
Avec minutie, cette dame de 77 ans, redonne vie aux couleurs des vêtements religieux des statues de plâtre mais recrée aussi des mains, des pieds et des têtes voir des corps lorsqu'elles sont amputées...
Avec une technique bien à elle, l'artiste se revendique autodidacte. Une autodidacte talentueuse.
La peinture est acrylique, encore faut il respecter les tons d'origine, ne pas dénaturer les couleurs ni le sens premier de leur créateur. Les paroissiens font appel a son talent.
C'est une technique personnelle, je travaille avec les nuances, du blanc au noir. Mais je tiens à garder les couleurs d'origine avec de la peinture acrylique. Et je prends tout mon temps pour le faire. Je ne vois pas le temps passer. J'aime ce que je fais avec tout mon coeur.
Tour à tour esthéticienne ou chirurgienne
Mais elle devient chirurgienne lorsqu'elle recrée la tête de l'Enfant Jésus niché dans les bras de Notre-Dame Libératrice.
Lorsque les statues ont été amputées de leurs mains, de leur tête, voire de leur pied, l'artiste tire son inspiration des autres modèles, ajoute des fils de fer qu'elle recouvre de plâtre avant de passer à la reconstruction des membres manquants. Pas de moule, juste un coup d'oeil, un équilibre entre corps et membres.
Puis elle prend son bâton d'esthéticienne pour redessiner le visage du Christ, redonner de la brillance aux gouttes de sang qui ruissellent sur son visage après sa crucifixion.
À 77 ans, Maryvonne rayonne d'une lumière particulièrement douce. Sans doute la sérénité de l'âge mais aussi, le sentiment très fort de faire oeuvre utile au service des autres. Comme si le don de soi devenait un don du ciel.