Selon sa dernière étude parue le 30 septembre 2021, l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques révèle que la situation s’est détériorée, particulièrement pour les plus modestes, "malgré les mesures déployées pour soutenir l’emploi et les revenus des ménages" à l’initiative du gouvernement.
Cette perception est plus marquée qu’en France (hors Guyane et Mayotte, 23 %), mais moins qu’en Guadeloupe (28 %).
Elle révèle une fragilité économique importante aux Antilles, malgré les nombreuses mesures d’accompagnement et un facteur de résistance notable lié à la place du secteur public dans la structure de l’emploi.
En effet, les agents de la fonction publique occupent 31 % de l’emploi salarié martiniquais, contre 21 % en France.
Or, excepté ceux de la fonction publique hospitalière, ils ont été majoritairement placés en télétravail.
Leur rémunération n’a pas subi de baisse liée aux différentes dispositions prises par le gouvernement durant la crise.
La chute brutale de l’activité économique au cours du 2ᵉ trimestre 2020 est à l’origine du sentiment de dégradation de la situation financière des ménages
Les personnes en activité sont aussi touchées
En Martinique, "30 % des personnes en emploi avant le premier confinement estiment que leur situation financière s’est dégradée" au cours du second semestre 2020, malgré la multiplicité des dispositifs d’aides et l’adoption de nouvelles organisations de travail.
"L’indemnisation s’élevait en effet à 84 % du salaire net habituel, excepté pour les personnes rémunérées à hauteur du Smic (qui correspond à une indemnisation plancher).
Ce manque à gagner concerne plus majoritairement des métiers aux salaires plus faibles et s’ajoute à d’éventuelles pertes d’heures supplémentaires.
Les non-salariés, dont la part dans l’emploi en Martinique est quasiment équivalent à celui du niveau national (14 % contre 12 %), sont également très exposés au risque de diminution voire de perte de leurs revenus, selon leur secteur d’activité".
"Les travailleurs temporaires très exposés"
Le secteur de l’hôtellerie et de la restauration est "particulièrement concerné", indique cette enquête. "Le nombre de déclarations de CDD s’effondre de 84 %. Suivent les secteurs des autres services marchands (- 54 %) et du commerce (- 33 %)".
Situation difficile pour les plus jeunes
Les difficultés des jeunes se sont accrues et additionnées souligne l’Institut. En effet, sauf à être parent, ils ne répondent pas aux critères d’âge pour prétendre au RSA (Revenu de Solidarité Active). "Ils peuvent donc basculer très vite dans la précarité".
Quant au dispositif "Garantie Jeunes" (dispositif d’accompagnement d’un an pour les jeunes de 16 à 25 ans ni en emploi, ni en études, ni en formation et qui se trouvent en situation de précarité), l’entrée de nouveaux bénéficiaires au cours de l’année a été "largement perturbée par la fermeture des centres d’accueil".
Et les étudiants ?
À l’âge où les projets d’avenir se construisent, les étudiants ont vécu une année particulièrement compliquée.
Les cours à distance, ont pu accentuer les difficultés scolaires et l’isolement.
Les motifs d’inquiétudes sont variés : perspectives d’insertion sur le marché du travail ou préoccupations financières, liées à la perte d’un job.
À partir de septembre 2020, des repas à 1 € ont été proposés aux étudiants boursiers.
Aux Antilles-Guyane 42 000 repas à 1 € ont été servis à 2 750 étudiants boursiers sur les quatre derniers mois de l’année.
Mauvaise année pour les femmes
Les déclarations d’embauche féminines en CDI ont en effet reculé davantage, (- 14 %) que celles des hommes (- 5 %) explique l’INSEE.
"Or, avant la crise, en Martinique, les femmes occupaient déjà plus souvent des emplois précaires que les hommes".
La crise sanitaire a accentué les inégalités entre les femmes et les hommes.
Les Martiniquaises sont également plus souvent à la tête de familles monoparentales (9 sur 10 ont une femme à leur tête).
Lorsque leurs revenus d’activité sont la ressource principale du ménage, la précarité de l’emploi est un facteur de surexposition aux difficultés en général et à la pauvreté en particulier.
Les mesures exceptionnelles proposées pour soutenir les ménages, n’ont pas empêché la hausse du nombre de bénéficiaires des prestations dites d’insertion (minimas sociaux) observe encore l’INSEE, "signe d’une aggravation de la fragilité financière des ménages".
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