Finalement, quatorze listes participent aux élections territoriales. Le record des élections régionales de 1998 n’est pas battu, quand quinze listes s’affrontaient. Il reste que ce nombre élevé de candidatures illustre des modifications de nos pratiques politiques
Quatorze listes. Le nombre élevé de candidates et de candidats est-il un signe de vitalité démocratique ou un effet de la confusion existant dans notre paysage politique ? Chacun choisira sa réponse, selon sa vision de citoyen. Un fait, indiscutable, est cependant observé, une forme de transition entre deux manières d’engagement politique.
Nous constatons que plusieurs listes sont des regroupements de personnalités sans l’aval d’une quelconque formation politique. C’est le cas des équipes menées par Béatrice Bellay, Olivier Bérisson, Catherine Conconne, Guy Ferdinand, Philippe Jock, Ralph Monplaisir, Marcel Sellaye.
Notons aussi que plusieurs listes rassemblent au-delà des habituelles coalitions électorales. Les équipes menées par Serge Letchimy, Alfred Marie-Jeanne, Yan Monplaisir, Jean-Philippe Nilor, Max Orville ou Philippe Petit ne fédèrent pas uniquement des adhérents des formations que ces personnalités dirigent.
Le vent du changement se lève
Le phénomène n’est pas nouveau. Il avait déjà eu cours pour les régionales de 2010 et pour les territoriales de 2015. En revanche, il prend de l’ampleur cette année. Le militant ou la militante formé au sein du parti et aspirant à un mandat électif après sélection par les instances dirigeants cède la place au citoyen engagé sans formation idéologique ou théorique, mais disponible pour rendre service à sa communauté.
En ce sens, ces élections révèlent un paradoxe. D’abord, nous notons une certaine usure des formations ayant dirigé les collectivités depuis le début des années 1980, quand la décentralisation a conféré des pouvoirs étendus aux élus locaux. Ensuite, nous constatons l’aspiration à un renouvellement du personnel politique, aussi bien chez les citoyens que chez les politiques eux-mêmes.
Le coup de semonce des municipales
Les élections municipales de 2020 ont permis de constater que ce paradoxe n’était pas accidentel. Nous avons vu fleurir alors une quantité de listes de candidats composées de citoyens non politisés aux côtés d’élus sortants et de militants chevronnés. Avec le recul, les municipales de 2020 ont amorcé un mouvement de rénovation de nos pratiques politiques.
Comparaison n’est pas raison. Nous ne pouvons pas placer sur le même plan les affaires communales et les problématiques propres à la CTM. Il n’empêche : le paysage politique, plutôt figé depuis trois décennies, bouge sensiblement. En ce sens, il semble évident que les élections territoriales de 2021 se situent à la charnière de deux dynamiques.
L’une est symbolisée par le jeu traditionnel des partis. L’autre est incarnée par la soif de changement. Laquelle va l’emporter le 20 juin ? La réponse est au bout de notre bulletin de vote.