Le 18 décembre 2015, la CTM était installée pour remplacer le département et la région. Bref passage en revue de quelques temps forts ayant émaillé la courte et riche histoire de l’institution.
Vendredi 18 décembre 2015. Il est 9 heures au siège de la toute nouvelle Collectivité Territoriale de Martinique, à Plateau Roy sur les hauteurs de Fort-de-France. La foule se presse pour assister à la séance d’installation de la nouvelle collectivité unique que la population et ses élus ont appelé de leurs vœux, en lieu et placer du département et de la région.
L’ambiance festive et fébrile. Après un retard compréhensible en la circonstance, l’ordre du jour appelle l’élection des instances de la CTM. Les 51 conseillers à l’Assemblée de Martinique élisent parmi eux les 9 membres du conseil exécutif ainsi que les 5 membres de son bureau.
Sans surprise, Alfred Marie-Jeanne, qui conduisait la liste victorieuse aux élections des 6 et 13 décembre, est élu à la tête du conseil exécutif. Sans surprise non plus, Claude Lise devient président de l’assemblée.
Majorité et opposition s’affrontent sans arrêt
Très rapidement, l’affrontement entre majorité et opposition commence. En mars 2016, deux mois à peine après l’installation de la CTM, une controverse à épisodes oppose le MIM (Mouvement Indépendantistes Martiniquais) et ses alliés au PPM (Parti Progressiste Martiniquais) et à ses alliés. Elle porte sur le premier budget de la collectivité.
L’examen du dernier compte administratif du département et de la région laisse apparaître un déficit de près de 80 millions d’euros, selon la majorité. L’opposition insiste : il s’agit en réalité d’un excédent comptable de 550 000 euros.
La mise au point de la Chambre régionale des comptes n’y change rien. Le président du conseil exécutif Alfred Marie-Jeanne inclut ce déficit dans le budget. Il va même jusqu’à dénoncer la partialité des magistrats spécialisés dans les finances publiques. Ce qui lui vaudra une admonestation du premier président de la Cour des comptes. Le budget 2016 est conçu avec ce déficit supposé.
Un conflit social dont les élus auraient pu se passer
Au même moment, la collectivité connaît la première grève de son personnel, en avril 2016. Quatre des sept syndicats regrettent un dialogue social insatisfaisant avec les nouveaux dirigeants. Ils sont inquiets aussi du sort des agents en contrat à durée déterminée. Ce long conflit a permis de poser la question de savoir si la fusion a été bien préparée entre les deux anciennes collectivités et leurs personnels respectifs.
Parmi ses réussites, la CTM lance Martinique Transport, en janvier 2017. L’entité unique du transport collectif sur route et sur mer englobe aussi les communautés d’agglomération. Après des débats compliqués marqués par un contentieux avec la CFTU, Martinique Transport parvient à mettre en place des réseaux cohérents de déplacements à l’échelle du territoire.
Notons, enfin, que cette année 2020 a été marquée par la gestion de deux crises. Tout d’abord, la crise sanitaire provoquée, ici comme ailleurs, par la pandémie du Covid-19. Dès les premiers jours du confinement, en mars, la collectivité n’a eu de cesse d’amortir les effets néfastes sur le tissu productif de cette épidémie. La refonte de notre économie est à l’ordre du jour, vu la grande vulnérabilité de nos entreprises.
La crise sanitaire coïncide avec une crise politique
L’autre moment délicat vécu par les élus de la collectivité est la crise politique sans précédent à l’intérieur de la majorité du Gran sanblé. Elle a pris de l’ampleur par un bras de fer entre les trois tendances désormais bien délimitées de la coalition au pouvoir. Le statut du terrain de Séguineau est le catalyseur de ce conflit dont on voit mal comment il se résorbera d’ici les prochaines élections.
La campagne électorale qui s’annonce rude tombera à point nommé pour que le président du conseil exécutif mette en avant, hormis la relance économique, une belle réalisation : la réouverture du lycée Schoelcher après sa reconstruction. Gouverner, c’est prévoir, dit l’adage. Il convient de lui ajouter cet autre : gouverner, c’est bâtir.