Une décolonisation à la calédonienne est-elle possible en Martinique ?

Militants indépendantistes Martiniquais lors d'une émissions en radio.
Le second référendum sur la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie a été suivi à la loupe chez nous aussi, surtout dans le cap indépendantiste. Est-ce à dire qu’il existe des similitudes entre les deux territoires ?
 
Que pouvons-nous apprendre du référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, ou Kanaky ? Pouvons-nous tirer profit de cette expérience originale de décolonisation ? En quoi la condition des Kanaks, le peuple millénaire premier de ce territoire, est-elle comparable à celle des Martiniquais, un peuple issu d’un processus de colonisation de production et de peuplement ?

Les réponses ne vont pas de soi. Là-bas, le clivage séparant les partisans et les adversaires de l’indépendance se superpose à celui portant sur l’origine ethnique. Dans les communes peuplées en majorité par les Kanaks, le "oui" l’emporte à plus de 70%. En revanche, dans la région de Nouméa, peuplée par une majorité de descendants européens ou de natifs d’Europe, c’est le "non" qui l’emporte massivement.

Opposés à l’indépendance, les Caldoches sont favorables à l’amélioration du statut actuel. Le territoire dispose déjà d’une large autonomie, défini au sein d’un chapitre spécifique de la Constitution. Ce qui n’exclut pas d’aller jusqu’à la frontière de la souveraineté d’État. Pour autant, les Kanaks ne veulent pas d’une rupture irréversible avec la France.
 

Vers un troisième référendum ?


Le FLNKS, principale organisation favorable à l’indépendance, souhaite signer des accords de coopération avec la France, comme avec d’autres États de l’océan Pacifique. Comme le dit son président, Roch Wamitan à nos confrères du quotidien Le Monde : "Il s’agit d’interdépendances librement consenties". Rien n’est encore joué. Un troisième référendum pourrait être tenu d’ici à 2022.

En comparaison, la Martinique n’est pas encore entrée dans un processus de décolonisation. De très larges fractions de la population considèrent que notre territoire n’est pas une colonie. De plus, nous sommes très nombreux à nous définir comme français à part entière, et autant à refuser l’idée que ne formons un peuple, encore moins une nation.

La contestation du système néocolonial n’a jamais reçu l’assentiment populaire, hormis dans les cercles nationalistes et communistes. Dès lors, entamer un processus équivalent de celui en cours en Nouvelle-Calédonie relève de l’illusion.

Surtout que nos principaux dirigeants politiques sont davantage motivés par l’obtention de responsabilités plus importantes afin de gérer au mieux les collectivités locales que par une formule d’émancipation débouchant sur la souveraineté. Comparaison n’est pas raison, dit le dicton. Il vaut en politique aussi.