Christelle a un paquet spécial qui l'attend dans cette boulangerie de Fort-de-France. À peine récupéré, elle jette un coup d'œil et découvre ce qu'il contient. Elle semble satisfaite.
J'ai des croissants et plusieurs gros pains spéciaux. Pour 10 euros, ça va, c'est intéressant. Je vais partager avec mes sœurs et ma mère.
Christelle
Ces produits sont en fait des invendus bradés par la boulangerie. Depuis quelques semaines, Christelle est inscrite sur une plateforme qui la met en relation avec des établissements qui souhaitent liquider à prix réduit.
J'étais déjà glaneuse quand j'habitais en France. À côté de chez moi, il y avait des commerçants qui liquidaient donc j'en profitais le soir à la fermeture. Grâce aux Réseaux Sociaux, j'ai découvert Glan'Market et je suis contente de pouvoir continuer. C'est économique, en plus c'est une bonne action pour la planète.
Christelle
Dans le fournil, la satisfaction est entière également. L'établissement a saisi l'occasion de rentabiliser des produits considérés jusque-là comme de la perte sèche.
Cela permet d'éviter le gaspillage, de rentabiliser la matière première et d'éviter les invendus en fin d'heure parce que ce n'est pas forcément évident. Chaque jour, on se retrouve avec des invendus. Avec ce projet, cela permet de proposer à la clientèle -50% sur tous les produits. Nous, on est gagnant, le client y gagne et la plateforme aussi.
David Nourel, co-gérant boulanger
Lancé en Guadeloupe en 2020, le concept créé par Clessy Blanquet est arrivé en Martinique.
Le fonctionnement est simple, les glaneurs achètent leurs produits et règlent en ligne sur la plateforme, puis ils récupèrent leur "Glan bag" chez le commerçant. Il s'agit d'invendus, de produits en DLC proche ou encore des fruits et légumes moches liquidés à prix réduit, minimum 50%.
En Martinique, Guadeloupe et Guyane, c'est près de 80 000 tonnes de denrées encore consommables qui sont jetées et entre 12 et 15 kilos de déchets sont balancés par la population de chaque territoire. L'idée est d'inspirer et de donner l'opportunité à tout un chacun de lutter contre le gaspillage alimentaire à leur niveau. Pour les commerçants et les agriculteurs, transformer leurs invendus en revenu. Permettre aussi aux agriculteurs de gérer leur surproduction et de valoriser leurs fruits et légumes moches. Et au niveau des consommateurs, agrandir la communauté des glaneurs parce que c'est un cercle vertueux. S'ils n'y a pas de commerçant, il n'y a pas de glaneur, s'il n'y a pas de glaneur, il n'y a pas Glan'Market. Donc l'idée, c'est d'agrandir cette communauté d'acteurs éco-citoyens.
Clessy Blanquet, fondatrice de Glan'Market
Pour fonctionner, la start-up prélève une commission sur les ventes. Pour l'instant, cette boulangerie est le seul commerce de Martinique.
En Guadeloupe, la plateforme compte une vingtaine de boutiques et organise des glanages directement dans les champs. Selon la plateforme, plus de cinq tonnes d'aliments ont été sauvés par le glanage.