Une unité spéciale de sapeurs-pompiers professionnels et volontaires de Martinique face au Covid-19

Les sapeurs-pompiers de Martinique en intervention pour transférer un patient
55 pompiers sont dans une unité speciale dans la lutte contre l'épidémie du coronavirus. Professionnels et volontaires sont en première ligne au quotidien dans cette crise sanitaire. Le préfet et le président de la CTM sont allés à leur rencontre aujourd'hui (vendredi 24 avril) à Rivière-Salée. 
Depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19, les pompiers de Martinique sont intervenus sur 2 916 secours d'urgence à personnes et 137 cas de Covid-19 dont 31 ont été confirmés cliniquement. Cette armée de volontaires et de professionnels est au front, dans les casernes ou appelée à intervenir selon ses disponibilités. 

"Seuls comptent les compétences, l’expérience et l'esprit de cohésion dans les moments les plus délicats".
- Patrick Tyburn. Colonel hors classe. Directeur et chef du corps des services d'incendie et de secours de Martinique. 

Les sapeurs-pompiers de Martinique au front pour sauver des vies en pleine épidémie de Covid-19.
  

Une unité covid-19 à Rivière-Salée


Cette unité spéciale Covid-19 a été créee au centre d'incendie et de secours de Rivière-salée, en position centrale de l'île.
Chaque pompier est doté d'un équipement classique  auquel s'ajoute un kit de protection "EPI risque biologique à usage unique" (Combinaison, lunettes, masque FFP2, double paire de gants, surbotte) adapté pour les protéger du risque de contamination par le virus. 
 
55 sapeurs-pompiers (dont 9 femmes) se sont portés candidats. Parmi eux, 33 sapeurs-pompiers volontaires. Cette unité est spécifiquement dédiée aux interventions Covid-19 sur toute l’île depuis le 31 mars 2020 : 4 équipes de 9 pompiers et de 2 logisticiens encadrés par 2 officiers.
Les sapeurs-pompiers de Martinique en action. ©SDIS 972 (JLB)
Cet engagement oblige ces femmes et ces hommes à rester sur place, loin de leurs proches pendant plusieurs semaines et ce jusqu'à la fin de la crise sanitaire. 

Ils assurent 12 heures de garde de jour suivi de 24 h de repos et 12 heures de nuit suivi de 48 heures de repos. Ils bénéficient d'un suivi médical spécifique et quotidien.

En moyenne, 3 interventions Covid-19 peuvent être effectuées par garde sachant que chaque intervention dure entre 3 et 4 heures de temps (dont environ 1 heure consacrée à l'hygiène et la désinfection de leurs équipements de protection individuel et de la cellule sanitaire du véhicule des secours et d'assistance aux victimes). 
 

Qui sont les pompiers volontaires ? 

 

Á armes égales avec les professionnels, sans distinction sur le terrain. Ils portent le même uniforme et les mêmes grades.
 
Et pourtant ils ne sont pas salariés. Ils ne sont pas professionnels. Ils sont volontaires, engagés pour une période de 5 ans renouvelable.

Loin de l'image d'Epinal du héros ou du mercenaire, il ou elle est salarié (e), chef (fe) d'entreprise, cadre, ouvrier, femme au foyer et aussi sans emploi.

S'engager, car il s'agit bien d'un engagement est pour eux une façon de vivre un rêve non réalisé, d'être utile à son prochain, de vivre une aventure humaine aussi. La montée d’adrénaline constitue l’un des attraits de la profession.

- Romain Pudal. Sociologue et auteur du livre "Retour de flammes Les pompiers, des héros fatigués ?". 


En Martinique, le SIS comptait 1319  pompiers volontaires (302 femmes et 1093 hommes) en janvier 2019. Du grade d'adjudant à celui de capitaine et de 18 à 64 ans.
 
Et 250 sapeurs-pompiers professionnels. Une différence quantitative vertigineuse au regard d'une loi qui stipule que :
 

"Les missions de sécurité civile sont assurées principalement par les sapeurs-pompiers professionnels et volontaires des services d’incendie et de secours, qui assurent un maillage complet du territoire, propre à garantir l’efficacité des secours qui interroge sur ces pompiers volontaires, leurs motivations, leur rôle au sein de la société". 

- Extrait de la charte nationale du sapeur-pompier volontaire.
 


Aujourd'hui que serait ce maillage sans ces 1319 volontaires en Martinique ?

21 sapeurs-pompiers luttent contre un incendie sur le site du Galion.

Empathie, parfum d'aventure et source de revenus

 

"Le SPV (Sapeur-pompier volontaire) est un citoyen qui en plus de son activité professionnelle s'engage et donne de sa disponibilté sur son temps libre".


Le statut de pompier volontaire est à n’en pas douter un plus dans la vie de celle ou de celui qui s’est engagé à servir ses concitoyens. Il suit une formation initiale et continue afin d'acquérir et de maintenir à niveau ses compétences. Ces formations peuvent être valorisées dans le monde du travail et dans le secteur associatif.
 
Avec un taux de chômage deux fois plus élevé qu’en métropole, 18 % de la population en 2019 en Martinique, les SPV sans emploi ont trouvé une voie d'épanouissement en franchissant la porte du SIS et leurs indemnités est souvent leur seule source de revenus mais sans la garantie d'un emploi salarié.
 
En effet, si le sapeur-pompier volontaire a droit à des indemnités horaires, une protection et des prestations sociales ainsi qu’à une prestation de fin de service, son statut est distinct de celui du sapeurs-pompier professionnel qui est un fonctionnaire territorial.
 

Comment devient-on pompier ? 


Pour devenir pompier professionnel il faut avoir au moins 18 ans, être de nationalité française et jouir de ses droits civiques.
Le recrutement est soumis à la réussite d'un concours, soit interne, soit externe, ouvrant droit à l'inscription sur une liste d'aptitude pour une durée déterminée, puis à l'accès à un emploi au sein d'un SDIS en fonction de la disponibilité ou la vacance de postes.

Ces concours sont organisés par régions pour les hommes du rang et à l'échelle nationale pour les officiers. 

Le volontariat est ouvert à toute personne, qu’elle soit ou non en activité et quelle que soit son activité professionnelle, peut devenir sapeur-pompier volontaire, sous réserve de satisfaire aux conditions d’engagement.
 

Il n'y a pas un volontaire type mais des profils différents, de la mère de famille à son domicile au chef d'entreprise, boulanger, agriculteur, ouvrier ... toute la société est représentée dans nos rangs. Ce qui compte c'est le courage et l'empathie. Sur le terrain, chacun doit assumer les décisions qu'il prend. 

- Colonel Hors Classe Patrick Tyburn directeur et chef du corps des SIS de Martinique.

Un équipement spécifique pour protéger les sapeurs-pompiers en contact avec de possibles personnes contaminées

A l'issue d'un accord entre le président du conseil d'administration du service d'incendie et de secours et l’employeur du sapeur-pompier volontaire, une convention peut-être signée pour favoriser sa disponibilité et lui permettre de mieux gérer ses périodes de gardes et d'intervention ainsi que de formation. 

Lors de son premier engagement, le sapeur-pompier volontaire signe une charte spécifique. 

Il doit être disponible, répondre aux exigences du service qui doit en retour l'aider préserver l’équilibre entre sa vie professionnelle, familiale et sociale. Un défi face à une passion qui peut être dévorante. 
 

En rentrant dans les rangs, le volontaire s’engage à servir avec honneur, humilité et dignité au sein du corps départemental et à avoir un comportement irréprochable lorsqu'il  porte la tenue de sapeur-pompier.

 
Il doit être disponible, répondre aux exigences du service qui doit en retour l'aider à préserver l’équilibre de sa vie professionnelle, familiale et sociale. 

Charte nationale du sapeur-pompier volontaire

 

A lire aussi : Sapeurs-pompiers volontaires 

Assistance au quotidien


Le métier de sapeur-pompier est selon divers sondages, le métier le plus populaire de France "Des professionnels et des volontaires confrontés à un quotidien de misère" : Le Monde Diplomatique. 
 

Fort de son expérience de sapeur-pompier, le sociologue Romain Pudal auteur du livre Retour de flammes, les pompiers, des héros fatigués ? peint un métier traversé par de fortes tensions.
Tiraillés entre l’image virile du pompier sauveur des flammes et un quotidien fait aussi d’assistance aux populations défavorisées, les pompiers s’interrogent sur le sens de leur travail.

"L'attrait du métier de pompier ne réside pas seulement dans la volonté virile de combattre le feu, de prendre des risques physiquement pour secourir les autres. Il y a bien souvent aussi un véritable souhait de venir en aide sous toutes ses formes ». 
 
-Romain Pudal auteur du livre Retour de flammes, les pompiers, des héros fatigués ?

 
Une nouvelle chaîne d'union s'est formée à la fin de cérémonie. .
Les pompiers, aujourd’hui, œuvrent à maintenir du lien social et une solidarité de proximité, gratuite, inconditionnelle, au profit de gens qui ne savent plus vers qui se tourner. 

Le dernier rapport sur les SPV (Sapeurs-pompiers volontaires) de l'Amiral Alain Béreau, membre du groupe « ambition volontariat » met en avant la nécessaire reconnaissance tant au niveau gouvernemental que territorial, du positionnement des sapeurs-pompiers volontaires comme premiers acteurs de proximité dans les territoires en matière de secours d’urgence aux personnes. 
 

La vérité, c’est que, sans les volontaires, tout notre système de protection et de sécurité civile s’effondrerait. Rien ne peut les remplacer, tant sur le plan humain que sur le plan tout simplement budgétaire.

- Luc Ferry ancien ministre de l’éducation nationale dans son rapport « Ambition volontariat ».

Rapport de la commission « Ambition volontariat » présidée par M. Luc Ferry ancien ministre de Education nationale (2009).


Depuis, un plan d'action a été mis en place pour notamment favoriser l’accueil des effectifs féminins et développer les équivalences entre les formations SPV et les formations professionnelles afin de les aider dans la recherche d’emploi.

Sur le terrain, les sapeurs-pompiers professionnels et volontaires ne forment que les doigts d'une seule main. Unie pour secourir les victimes d'accidents de la route, combattre le feu, intervenir en milieu périlleux, sur terre ou en mer. 
 
Pour les victimes secourues pas de distinction. Ils garderont à jamais l'image de celle ou de celui qui les a sauvé.
Un tissu associatif pour resserrer les liens entre pompiers de Martinique et de la Caraïbe
Leur vie associative est soudée par une union départementale avec à sa tête Charles Lagier.

L’amicale est le premier maillon de la chaîne associative. Un centre d’incendie et de secours = une amicale.
20 associations aujourd’hui, sont réparties sur la Martinique.

L’association développe des activités en faveur de la population martiniquaise, comme les formations de premiers secours, le téléthon, les dispositifs prévisionnels de secours.

Elle resserre les liens entre les sapeurs-pompiers des Antilles Guyane au sein de l’union régionale des sapeurs-pompiers des DOM mais aussi des sapeurs-pompiers de la Caraïbe au travers de la convention entre UD et association des sapeurs-pompiers de Sainte-Lucie notamment.