Assiste-t-on à un début de dégel des relations diplomatiques entre les États-Unis et le Venezuela ?
La première puissance mondiale a décidé d'alléger les sanctions contre Caracas. Une annonce qui intervient vingt-quatre heures après l'accord signé entre les autorités vénézueliennes et l'opposition en vue de la tenue d'une élection présidentielle en 2024.
Un allègement sous conditions
Mais Washington a aussitôt dit s'attendre à ce que "tous" les candidats puissent se présenter à ce scrutin, à défaut de quoi les États-Unis pourraient revenir sur leur décision.
Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a indiqué que Washington avait fait savoir au gouvernement du président Nicolas Maduro qu'il s'attendait à ce qu'il présente d'ici à la fin du mois de novembre "un calendrier et un processus accéléré pour la réintégration de tous les candidats".
"Tous ceux qui veulent se présenter à la présidence devraient pouvoir le faire", a-t-il dit afin de garantir une élection équitable et compétitive.
Il a également exigé la libération "de tous les ressortissants américains détenus de façon injustifiée et les prisonniers politiques" au Venezuela.
Des négociations pour l'élection présidentielle de 2024
L'annonce de l'allègement des sanctions américaines, limité au domaine pétrolier et gazier, intervient après l'accord mardi entre le gouvernement et l'opposition du Venezuela, lors de négociations à la Barbade sous les auspices de la Norvège, pour que se tienne une présidentielle au second semestre 2024.
Cet accord exclut les candidats inéligibles car seuls pourront se présenter ceux qui "remplissent les conditions requises pour participer à l'élection présidentielle, conformément aux procédures établies par la loi vénézuélienne".
Ainsi Maria Corina Machado, favorite des primaires de l'opposition de dimanche, destinée à désigner le candidat qui affrontera le président Maduro en 2024, fait partie des personnes frappées d'inéligibilité.
Toutefois, des responsables américains s'exprimant sous le couvert de l'anonymat mercredi soir ont indiqué que leur "compréhension" de l'accord était que Caracas s'engageait à "dégager la voie" en vue d'une participation de ces candidats au scrutin.
"Le non-respect des termes de cet accord conduira les États-Unis à revenir sur les mesures qu'ils ont prises", a averti M. Blinken.
Un allègement des sanctions très attendu par les marchés
"Conformément à la politique américaine des sanctions, en réponse à ces développements démocratiques, le département du Trésor a autorisé les transactions relatives au secteur du gaz et du pétrole vénézuélien ainsi que celui de l'or", a annoncé dans un communiqué le sous-secrétaire américain au Trésor, en charge du renseignement financier et du terrorisme, Brian Nelson.
Concrètement, le gouvernement américain réautorise l'achat de gaz et pétrole vénézuélien pour une durée de six mois, qui pourra être renouvelée si "le Venezuela respecte les engagements pris dans le cadre de l'accord électoral".
Pour le secteur aurifère, aucune durée n'est précisée, le département du Trésor justifiant sa décision par une volonté de "réduire les échanges d'or sur le marché noir".
Les États-Unis permettent par ailleurs de nouveaux les échanges de titres de la dette vénézuélienne sur le marché secondaire, l'interdiction concernant le marché primaire, soit les titres de dette nouvellement émis par le gouvernement vénézuélien, reste en revanche en vigueur.
L'allègement des sanctions sur le pétrole vénézuélien était très attendu des marchés, qui avaient anticipé ces derniers jours cette évolution favorable, entraînant une baisse du prix du baril malgré la guerre entre Israël et le Hamas et les risques d'escalade au Proche-Orient.
D'autres sanctions américaines comme le gel des avoirs vénézuéliens restent toutefois en vigueur.
130 migrants vénézuéliens expulsés des États-Unis
Un avion en provenance des États-Unis avec à son bord 130 migrants vénézuéliens expulsés du pays s'est par ailleurs posé mercredi à l'aéroport de Caracas, ce qui constitue le premier vol de ce type après un récent accord entre les deux gouvernements.
L'opposition vénézuélienne n'avait pas reconnu la réélection du président Nicolas Maduro en 2018 lors d'un scrutin largement considéré comme frauduleux et non reconnu par de nombreux pays.
L'année suivante, Washington a renforcé contre Caracas des sanctions imposées pour la première fois en 2015 en raison de la répression brutale de manifestations antigouvernementales.
En 2019, Washington, ainsi qu'une partie de la communauté internationale, avait reconnu Juan Guaido, chef de l'opposition qui venait de s'autoproclamer président par intérim.
L'opposition a mis fin en janvier à cette présidence intérimaire, estimant qu'elle n'avait pas rempli ses objectifs de changement politique.