La concurrence frontale entre le MIM et le PPM que nous connaissons depuis une trentaine d’années va-t-elle se prolonger à l'occasion des prochaines élections territoriales ?
Les prochaines élections territoriales seront-elles l’occasion de débuter un nouveau cycle politique ? En l’occurrence, la fin de la bipolarisation du paysage politique. Beaucoup l’espèrent, quelques uns le disent. Comme Péyi’a, de Marcellin Nadeau et Jean-Philippe Nilor.
Ils souhaitent faire exploser le verrouillage de la vie politique que nous connaissons depuis une trentaine d’années. Celle-ci est articulée autour de l’affrontement permanent entre deux mouvances, les nationalistes radicaux et les nationalistes modérés.
D’un côté, le camp indépendantiste rassemblé autour du Mouvement indépendantiste martiniquais (MIM) d’Alfred Marie-Jeanne. De l’autre, les autonomistes rassemblés autour du Parti progressiste martiniquais (PPM) de Serge Letchimy.
Le premier affrontement entre ces deux pôles a lieu à l’occasion des élections régionales de 1990. Cette année-là, il fallait revenir aux urnes après l’annulation des élections de 1986. La droite et la gauche avaient obtenu 92% des voix. Et voici que la donne change. Les indépendantistes obtiennent 22% des voix et entrent au conseil régional avec 7 élus.
Un nouveau cycle politique est-il concevable ?
Un nouveau cycle commence alors. Le MIM entre en concurrence frontale avec le PPM en grignotant sur l’électorat déçu par la droite et par la gauche. Dix-huit mois plus tard, aux élections de 1992, les deux partis font jeu égal avec 16% des voix chacun.
Deuxième round aux régionales de 1998, Alfred Marie-Jeanne devient président du conseil régional. Sa liste devance nettement celle du PPM de 9 points. Des résultats confirmés en 2004, montrant un PPM affaibli. Troisième round aux élections municipales de 2001 à Fort-de-France.
Serge Letchimy, successeur désigné d’Aimé Césaire, l’emporte au second tour avec 53% des voix, mais la défaite électorale d’Alfred Marie-Jeanne, avec 37% des suffrages, est en réalité une victoire politique. Son score inattendu lui permet d’implanter durablement le MIM à Fort-de-France et d’infuser son influence dans tout le pays.
Nous connaissons la suite. Le PPM revient au pouvoir à la Région en 2010. Puis il est vaincu aux élections territoriales de 2015. Le paysage politique est resté quasiment immuable ces trois dernières décennies. Qu’est-ce qui empêche que les prochaines élections territoriales de 2021 débouchent sur une nouvelle offre ?